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Justice

Don de 180 300 euros de Mbappé : l’acte était «licite», selon un avocat des policiers

La défense du commandant CRS, l’un des cinq fonctionnaires mis en cause, assure ce 18 juillet que le chèque n’avait pas besoin d’être déclaré. Le parquet de Paris a confirmé jeudi avoir ouvert une enquête préliminaire.
Kylian Mbappé, à Düsseldorf, le 1er juillet. (Franck Fife/AFP)
publié le 18 juillet 2025 à 18h08

Circulez, y a rien à voir. Alors que le Canard enchaîné a révélé dans son édition de mercredi que Kylian Mbappé a versé «au noir» 180 300 euros à un commandant de CRS et quatre brigadiers-chefs chargés de la protection de l’équipe de France de football pour des «prestations privées», l’avocat du commandant assure ce vendredi 18 juillet que le «don reçu» était «licite». Le parquet de Paris a confirmé jeudi avoir ouvert une enquête préliminaire.

Maître Jean-Baptiste Soufron insiste : le «don» durant le Mondial 2022 «a été fait par chèque et n’avait pas besoin d’être déclaré. Cela n’a aucun sens de faire un lien a posteriori entre ce don et les interventions réalisées par mon client en 2023 auprès de Kylian Mbappé dans le cadre de déplacements publics.»

L’avocat souligne que ces interventions «n’ont bénéficié d’aucune contrepartie» et relevaient «de son rôle normal de responsable de la sécurité, et ce d’autant plus qu’il l’avait déjà fait pour d’autres joueurs par le passé au cours de ses vingt et un ans de mise à disposition auprès de la FFF», la Fédération française de football. Le commandant, son client, a perçu 60 300 euros. Les quatre brigadiers-chefs ont reçu 30 000 euros chacun.

«Opérations financières atypiques»

Le parquet de Paris a pourtant ouvert une enquête préliminaire pour travail dissimulé et blanchiment de fraude fiscale pour des soupçons de prestations privées irrégulières, «à la suite d’un signalement Tracfin», la cellule de renseignement financier de Bercy.

«Datant de juillet 2024», ce signalement fait «état d’opérations financières atypiques au profit de cinq fonctionnaires de police» affectés à la protection des équipes de France. Selon le parquet, «trois agents de sécurité privée» ont également été rétribués.

De son côté, l’entourage de Kylian Mbappé a assuré, par communiqué, que «tout a été fait dans le respect des règles», «sans aucune contrepartie». «Depuis ses débuts en équipe de France, il a toujours choisi de reverser l’intégralité de ses primes de sélection». Comme il l’aurait fait «après la Coupe du monde 2022, en toute transparence», auprès des associations mais aussi pour «l’ensemble des agents de sécurité qui ont accompagné l’équipe de France, soit huit personnes, dont plusieurs CRS détachés auprès de la FFF».

Les auteurs du communiqué soutiennent donc que le commandant de police «n’a jamais été rémunéré pour sa présence auprès de Kylian».

Enquête de l’IGPN

Toujours est-il que, d’après une source proche du dossier, l’Inspection générale de la police nationale s’est aussi saisie de l’affaire après le signalement de Tracfin. La police des polices a ouvert une enquête administrative visant le responsable de la sécurité et a signalé les faits au parquet de Paris. Elle s’intéresse notamment à l’un des déplacements de Kylian Mbappé au Cameroun, pays d’origine de son père, où il était accompagné par le policier.

La Fédération française de football ne prend quant à elle pas position, selon sa déclaration envoyée à l’AFP. Elle ne fera «aucun commentaire sur une enquête en cours, de surcroît s’agissant de faits extérieurs à son périmètre de responsabilité.»