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En misant sur la gratuité, le Paris Football Club fait un carton

Ce samedi 11 novembre, les joueurs du Paris FC accueillent Bastia au stade Charléty dans le cadre de la 14e journée de Ligue 2. Face à un public plus garni que d’habitude, après la décision du club de rendre gratuit l’accès aux tribunes jusqu’à la fin de la saison.
Au stade Charlety lors d'un match entre le Paris FC et Montpellier HSC, le 15 avril 2022. (Antoine Massinon/DPPI. AFP)
par Henni Guedionni
publié le 11 novembre 2023 à 8h45

Une première qui va faire le plein. Le Paris Football Club (PFC), 15e de Ligue 2, affronte le Sporting Club de Bastia (11e) ce samedi 11 novembre à 19 heures au stade Charléty, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Ils devraient être près de 8 000 supporteurs dans les travées de l’enceinte, le double de l’accoutumée. La semaine passée, le club parisien a en effet annoncé la gratuité pour tous les matchs disputés à domicile de ses équipes masculine (Ligue 2) et féminine (D1 Arkema) jusqu’à la fin de la saison 2023-2024. Objectif officiel : «Augmenter le niveau de fréquentation [des] matchs au stade Charléty […], renouer avec l’essence populaire du football et proposer un spectacle ouvert à tous.»

La décision semble avoir eu un effet spectaculaire. Alors que les matchs des hommes du PFC ne rassemblaient en moyenne l’an dernier que 4 135 spectateurs, contre environ 900 pour ceux de la section féminine, la jauge fixée par le PFC pour les places gratuites lors du match contre le club corse (le reste étant notamment dévolu aux loges et espaces VIP) a été rapidement atteinte. 8 000 billets ont trouvé preneurs. Un chiffre encore en deçà de la capacité d’accueil du stade Charléty (19 000 places), mais qui ne pouvait pas être dépassé en raison des contraintes de sécurité et des effectifs nécessaires pour encadrer l’événement.

«Rendre l’opération blanche»

Pierre Ferracci, le président du club francilien, se félicite de ce premier succès, évoquant une «opération très bien perçue». L’enjeu désormais pour lui est d’équilibrer les comptes du club. Avec un budget de 25 millions d’euros par an (22,5 pour la section masculine, 2,5 pour la féminine), l’impact de cette billetterie désormais gratuite reste toutefois modeste : 1 million d’euros pour la saison 2023-2024. «On veut couvrir ce million pour rendre l’opération blanche et on a même l’espoir de le dépasser avec les ressources nouvelles que l’on espère dégager», confie le président, lorgnant notamment sur de nouvelles recettes de sponsoring.

Un avis partagé par Christophe Lepetit, chargé d’études économiques au Centre de droit et d’économie du Sport. Pour lui, le PFC a réalisé avec cette première dans le foot pro «un coup de communication bien vu». Il y voit une «stratégie visant à susciter de l’intérêt autour du club et attirer des partenariats de sponsoring». Et de développer : «C’est une perte probablement assumable à court terme, avec l’ambition de la compenser par de futures signatures de contrats avec des entreprises locales, nationales, voire internationales.»

«Le foot devient difficile d’accès»

Surtout, Ferracci veut susciter un débat sur le coût du football dans un contexte d’inflation galopante. «Les gens en France mesurent aujourd’hui deux choses : le prix de venir au stade et celui de l’abonnement aux chaînes télé qui retransmettent du foot. J’ai par exemple discuté avec des étudiants boursiers de la Cité universitaire [située à côté du stade Charléty, ndlr] : ils comptent tout, que ce soit pour aller au ciné, au resto ou voir un match de foot.» Il en vient même à espérer que son club soit «copié», ou du moins à ce que les autres «baissent les tarifs, car aujourd’hui, de la Ligue 1 au National, le foot devient difficile d’accès».

Un enjeu d’image aussi, analyse Christophe Lepetit : «La gratuité permet de montrer l’aspect d’un club populaire. Avec cette décision, le PFC souhaite se donner les moyens d’atteindre l’objectif d’un football populaire rendu à toutes les classes sociales.» Une aubaine aussi pour des entreprises qui associeraient bien plus volontiers leur image à une structure dynamique, aux tribunes pleines pour les joutes de Ligue 2.