Don’t touch my kit. Depuis la présentation du nouveau maillot de l’équipe de foot d’Angleterre que porteront cet été les joueurs de Gareth Southgate à l’Euro en Allemagne, c’est la tempête de l’autre côté de la Manche ce vendredi 22 mars. A écouter les commentaires, l’équipementier américain Nike aurait osé commettre un crime de lèse-majesté envers la tunique immaculée des Three Lions, et plus particulièrement sur la croix du saint patron de l’Angleterre, Saint-Georges.
Pourtant, sur le maillot domicile des joueurs, elle est comme de coutume brodée à l’arrière du col couleur bleu marine. Jusque-là, rien d’anormal. Sauf que pour cette nouvelle mouture, le rouge de la croix sur fond blanc s’est mué en un dégradé de bleu, rouge et violet. Au-delà de l’aspect esthétique discutable, c’est surtout l’atteinte à ce symbole national qui ne passe pas.
Une modification «ludique» avant l’Euro 2024 prévu en juin, s’est défendu Nike, destinée à «inspirer et unir» les fans. Selon la firme américaine, l’inspiration provient de la tenue d’entraînement portée par l’équipe d’Angleterre victorieuse de la Coupe du monde 1966. Cette année-là, l’équipe hôte anglaise avait remporté la compétition lors d’un match mythique à Wembley contre la RFA. Ce maillot est la «version moderne d’un classique», a argumenté un porte-parole de l’équipementier.
Bien qu’il s’agisse du seul titre jamais remporté par l’équipe nationale anglaise, la pilule ne passe pas. L’idée de la marque à la virgule n’a réussi qu’à s’attirer les foudres des fans de foot, de certains anciens joueurs mais aussi de responsables politiques. Jusqu’au Premier ministre Rishi Sunak en personne. Ce vendredi en début d’après-midi, le chef du gouvernement britannique est entré sur le terrain de la polémique, en se rangeant du côté des mécontents. Devant la presse, le conservateur a dit «préférer» le drapeau original et estimé qu’il valait mieux ne «pas toucher» aux symboles nationaux. «Ils sont source de fierté, d’identité, ils représentent qui nous sommes et sont parfaits en tant que tel», a-t-il défendu.
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Nigel Farage, l’ancien chef du Parti du Brexit et homme politique d’extrême droite, n’a pas traîné pour cracher sa détestation de la nouvelle tunique, en profitant au passage pour placer un tacle politique : «Pour une fois, nos dirigeants ont raison. Ce drapeau doit être changé», a-t-il écrit dans un message posté ce vendredi après-midi sur X (anciennement Twitter).
Le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer, dont les idées progressistes sont généralement mises en opposition avec celles des conservateurs au pouvoir, a lui aussi demandé à Nike de «revoir» le changement de couleur de la croix de Saint-Georges. «Je suis un grand fan de foot […] et ce drapeau est utilisé par tout le monde, c’est un symbole d’unité. Il ne doit pas être changé. Nous devons en être fier», a commenté ce supporter d’Arsenal auprès du Sun.
Un précédent passé inaperçu
Sur X (anciennement Twitter), un internaute a cependant fouillé dans le vestiaire des joueurs de l’équipe anglaise. Il y a dégoté une précédente tunique datant de 2011, réalisée par la marque anglaise Umbro, ancien équipementier des Three Lions. Sur les épaules du maillot domicile, on y distingue une myriade de petites croix de Saint-Georges. Certaines de couleur rouge, d’autres verts foncés ou encore bleu marine.
St. George's Cross has not been off limits for England kits to change the colour of - this was Umbro back in 2011 pic.twitter.com/4OrYkQH8bB
— Josh Henwood (@jhenwood92) March 22, 2024
Quant au maillot des gardiens, notamment porté par Joe Hart le portier de l’époque dans les buts anglais, il se distingue par une multitude de croix du saint patron de l’Angleterre, dispatchées aussi bien sur le torse que sur les manches. Des croix de couleur verte, mais pas une trace de rouge à l’horizon. Les deux tenues n’avaient pas suscité de telles réactions à l’époque, un signe possible de la crispation actuelle sur les symboles et l’identité nationale.