Craig Brown a de nombreux souvenirs du temps où il fréquentait la Tartan Army, cette pluie joyeuse et étourdissante de fans en kilt qui accompagnent la sélection écossaise. L’ancien entraîneur compte 70 matchs à la tête de l’Ecosse, le plus grand nombre de l’histoire de la sélection. L’octogénaire caresse sa mémoire de supporteur : «Un jour, contre l’Angleterre, un joueur écossais s’est brisé la jambe. On a terminé à dix. Je m’en souviens : on a fini par s’en prendre cinq. Oui, on peut dire que j’en ai vécu, des sales visites de Londres et de Wembley.»
Ce vendredi, l’antre œcuménique du football anglais ravive les mémoires. Wembley confronte une nouvelle fois les «Auld Enemies», ces vieux ennemis éprouvés par le temps et les luttes : 114 rencontres à travers les âges, qui plongent l’Euro dans un espace au-delà des frontières du jeu et de la rivalité sportive. Ecosse-Angleterre narre, avec sa voix délavée par le temps, absolument toutes les époques du football depuis 1872 ; de la bourgeoisie victorienne aux hools, jusqu’à l’internationalisation et l’hyperfinanciarisation… Tout ça, et aussi autre chose de plus puissant, inconscient : un peu de politique et beaucoup d’identité écossaise, et donc britannique, ce qui explique probablement pourquoi le match est aussi attendu outre-Manche.
Ces derniers jours, les joueurs des deux équipes ont été questionnés sur cette rivalité. Le capitaine écossais, Andy Robertson, répétait mardi au micro de Sky le manque de «