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Inégalités

Euro 2021 : équipes cherchent supporteurs

Euro de football 2020 (en 2021)dossier
Les mesures de quarantaine en vigueur en Angleterre vont empêcher les supporteurs espagnols, italiens et danois de se déplacer en masse à Londres, théâtre des derniers matchs de l’Euro. Une injustice, pour le sélectionneur italien Roberto Mancini.
Des supportes espagnols se rendaient au stade, pour le match contre la Slovaquie à Séville, le 23 juin. (Jon Nazca/Reuters)
par AFP
publié le 6 juillet 2021 à 10h20

Demi-finales et finale : Wembley, le mythique stade de Londres, va accueillir à partir de ce mardi les trois derniers matchs de l’Euro 2021 de football. Mais pour les adversaires de l’Angleterre, toujours en lice, l’enceinte aux 60 000 spectateurs risque d’être neutre, voire franchement hostile lorsqu’il s’agira de défier les Three Lions.

Un quota de places a certes été alloué aux nations qualifiées. Mais les restrictions en vigueur en Angleterre face au Covid-19 imposent une quarantaine de cinq à dix jours à l’arrivée, ce qui aurait obligé chaque supporter à se rendre à Londres cinq jours avant la rencontre, au minimum. Soit avant les quarts de finale.

«C’est très injuste, si je veux être parfaitement honnête. Nous préférons jouer devant du public plutôt que devant un petit nombre de personnes. C’est l’essence du football et du sport. Mais c’est très injuste qu’on n’ait pas la moitié du stade remplie de fans italiens et l’autre de fans espagnols», a déploré le sélectionneur italien Roberto Mancini lundi, à la veille de la première demi-finale qui opposera son pays et l’Espagne.

Le même cas de figure se posera avec plus d’acuité encore pour le Danemark, qui devra venir à bout mercredi de l’Angleterre et de ses masses de supporteurs pour entretenir l’espoir d’un titre dimanche 11 juillet, vingt-neuf ans après le sacre surprise de la bande à Laudrup en 1992.

La diaspora à la rescousse

Les Fédérations espagnole et italienne de football, rappelant ces règles sanitaires dans plusieurs communiqués diffusés ces derniers jours, ont fait appel à leurs ressortissants vivant au Royaume-Uni et en Irlande, non soumis à ces restrictions. La Roja et la Nazionale comptent sur eux pour venir les soutenir.

Lundi 28 juin, quand les Bleus étaient encore en lice et s’apprêtaient à affronter la Suisse à Bucarest, la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, avait déconseillé aux supporteurs français de se rendre à Saint-Pétersbourg, où l’équipe de France aurait disputé son quart, du fait de la situation sanitaire dégradée dans la ville russe. «Si les supporteurs se rendent directement à Saint-Pétersbourg de Bucarest, il va falloir rester en quarantaine une fois rentrés en France, ce qui leur ferait rater la demi-finale à Wembley, si toutefois on s’y qualifie», avait-elle ajouté précautionneusement.

Cette situation est une pierre de plus dans le jardin de l’UEFA et de son Euro itinérant réparti dans onze pays différents. L’idée, esquissée en 2012 par Michel Platini pour marquer le 60e anniversaire du tournoi continental et éviter qu’un seul pays ait à supporter les coûts d’organisation d’une telle compétition, a pris de plein fouet la pandémie de Covid, qui a reporté sa tenue d’un an puis entravé les déplacements des supporteurs.

Sur un pied d’inégalité

Ce tournoi paneuropéen a eu d’autres conséquences avec une inégalité de traitement parmi les 24 nations engagées. Neuf d’entre elles ont joué l’intégralité de leurs matchs de premier tour à domicile, quand d’autres multipliaient les déplacements parfois sur des milliers de kilomètres. Le cas de la Suisse est à ce titre exemplaire : les bourreaux des Bleus ont joué leur premier match à Bakou, leur deuxième à Rome avant de retourner en Azerbaïdjan pour la dernière journée de la phase de poules et d’enchaîner à Bucarest, où ils ont sorti la France, et de boucler leur parcours vendredi à Saint-Pétersbourg face à l’Espagne.

A l’inverse, les quatre nations qualifiées pour le dernier carré ont eu le privilège de jouer leurs trois premiers matchs à domicile : l’Espagne à Séville, l’Italie à Rome, le Danemark à Copenhague et l’Angleterre à Londres. Les Three Lions ont même disposé de l’Allemagne en huitième de finale devant leur public de Wembley et ne se sont déplacés qu’une seule fois, le week-end dernier à Rome. Toutes les quatre ont même échappé aux températures étouffantes qui ont entouré certaines rencontres. On se souvient ainsi des 35°C en milieu d’après-midi à Budapest qui ont assommé les Bleus.

«Pour moi, l’Angleterre reste le grand favori dans ce format», relevait du reste le sélectionneur de la Belgique, Roberto Martinez, après la phase de groupes. «Vous savez bien que quand les matches sont serrés dans la phase à élimination directe, c’est un grand avantage de jouer à domicile», avait développé le technicien espagnol.