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Epopée

Euro 2021 : face à l’Angleterre, le Danemark cherche le souffle de 1992

Euro de football 2020 (en 2021)dossier
En demi-finale de la compétition, la sélection scandinave espère reproduire l’exploit d’il y a trente ans, lorsqu’elle avait été sacrée championne d’Europe.
La sélection du Danemark, à l'entraînement mardi. (Paul Ellis/AFP)
publié le 7 juillet 2021 à 16h48

On ne sait pas trop ce qu’«équipe surprise» veut dire. La présence d’une sélection en demi-finale d’un Euro relève moins de la chance ou du hasard que d’une préparation réussie et d’une gestion tactique et mentale adéquate. Le Danemark, qui affronte l’Angleterre ce mercredi soir, est présenté comme l’équipe surprise de ce niveau de la compétition, alors que la plupart des favoris (France, Allemagne, Belgique, Portugal) ont tous été renvoyés à la maison, dès les quarts de finale ou même avant.

C’est comme un air de déjà-vu pour la sélection scandinave. Le spectre de 1992 plane autant au-dessus de l’équipe danoise de cet Euro 2021, si particulier. Il y a presque trente ans, les Rouge et Blanc, admis in extremis dans le tournoi pour remplacer l’ex-Yougoslavie, l’emportaient contre l’Allemagne et d’aucuns avaient aussi qualifié ce triomphe de «surprise». Leurs noms résonnent pourtant dans les têtes de tous ceux qui s’abreuvaient de ballon dans les années 90 : Henrik Larsen (meilleur buteur de la compétition), Brian Laudrup, Peter Schmeichel… Ce dernier faisait partie des rares qui appartenaient à un club étranger, Manchester United, à une époque où l’arrêt Bosman n’avait pas encore détruit ce que beaucoup appellent désormais les championnats de seconde zone.

La cage rouge et blanche pourrait d’ailleurs figurer un conte de fées danois. L’actuel tôlier, Kasper Schmeichel, n’est autre que le fils du légendaire gardien mancunien. Et les héros de 1992 s’abreuvent de ce cru 2021. Peter Schmeichel assure : «Nous pouvons être un danger pour n’importe qui.» «La France avait [Eric] Cantona et [Jean-Pierre] Papin, c’était une très bonne équipe, se rappelle d’ailleurs Johnny Molby, qui faisait partie de la sélection championne d’Europe. Je pense que c’est ça la mentalité des Danois : quand vous êtes l’outsider et que vous commencez à avoir de bons résultats, le Danemark est une équipe dangereuse à affronter.» L’ancien milieu du FC Nantes ajoute : «C’est arrivé en 1992 et c’est la même chose maintenant.»

Les mythes se télescopent

Il faut dire que la version 2021 de cette sélection danoise revient de loin. Après deux défaites d’entrée de compétition contre la Finlande et la Belgique, elle atomise la Russie avec un jeu exaltant. Ce qu’elle confirme après les poules, contre le Pays de Galles et la République tchèque. Les téléspectateurs découvrent alors une équipe revigorée et sans pression, peut-être parce qu’elle-même ne s’attendait pas là. Un parcours qui ne doit pas tout au cœur, mais aussi à des projections audacieuses et une défense, dirigée par le capitaine, Simon Kjaer, finalement assez solide. Contre une Angleterre sûre de ses forces derrière et qui jouera à domicile, la qualification pour la finale, qui se jouera contre l’Italie, apparaît désormais atteignable.

Les mythes se télescopent, et à celui de 1992 se superpose celui de la «seconde chance». Après la tragédie Christian Eriksen, qui a vu le technicien de l’Inter s’effondrer sur la pelouse avant de revenir à la vie le 12 juin, au tout début de la compétition. Les joueurs font inlassablement allusion à ce drame, comme pour les aider à affronter une compétition qui n’était pas censée être la leur. «A cause de ce qui s’est passé avec Christian Eriksen, les Danois supportent encore plus la sélection, explique Martin Laursen, 53 sélections dans les années 2000. Ils sont très fiers de la manière dont les joueurs ont géré cette situation.» Kasper Schmeichel : «Il faut rêver grand, et la question qu’on doit se poser c’est : “Pourquoi pas nous ?”» Sûrement les mêmes questions avec trente ans d’écart.