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Libération
Revue de presse

Euro 2021 : les Bleus ont perdu, la presse française éperdue

Euro de football 2020 (en 2021)dossier
«Désillusion», «naufrage», «catastrophiques»… Les médias français n’épargnent pas l’équipe de Didier Deschamps après la défaite lundi soir contre les Suisses au terme d’un match à rebondissements et d’une triste séance de tirs au but.
La une de «l'Equipe» de ce mardi matin.
publié le 29 juin 2021 à 8h17

Une peur bleue et, à l’arrivée, la victoire suisse. Après un match de montagnes russes et une séance de tirs au but, la France s’est inclinée lundi soir face aux Helvètes (3-3, 4-5). Une sortie en huitièmes qui laisse la presse française amère. «Anéantis», titre l’Equipe ce mardi matin, tandis que le Parisien parle de «désillusion», estimant que «la France n’a jamais vraiment réussi à être une équipe durant cet Euro».

Le Monde reste incrédule face «au mur suisse» que se sont pris les Bleus. «Comment cette équipe annoncée grande favorite du tournoi – vantée pour sa solidité et dirigée par un sélectionneur obnubilé par la victoire, s’est laissée retourner comme une crêpe en dix minutes après avoir mené de deux buts ?»

A Libé, on préfère souligner la beauté du sport et l’intensité du moment : «Du foot complètement ouvert, des joueurs au bout du bout et un spectacle indescriptible et extraordinaire, où les équipes semblent communier plutôt qu’elles ne s’affrontent et où le public est comme aspiré sur le terrain, parce que les acteurs les y invitent. Une zone rare, inconnue hors des grands tournois internationaux et encore, même là, les joueurs qui peuvent y goûter sont rares. Les deux prolongations ont filé comme un clin d’œil.»

Didier Deschamps dans le viseur

Au-delà de l’échec collectif et de la frappe manquée de Kylian Mbappé lors des tirs au but, c’est Didier Deschamps que la presse prend pour responsable. So Foot lui consacre un article, «Deschamps, la disasterclass». Pour le journal spécialisé, «sa part de responsabilité est grande, tant il s’est planté de A à Z sur cette confrontation, de la composition de départ à l’imbroglio Coman, en passant par la sortie prématurée de Griezmann».

Et d’enfoncer le clou sur la stratégie du sélectionneur tricolore : «Le 3-5-2 aura donc tenu une grosse trentaine de minutes avant de disparaître au moment d’une pause improvisée après l’invasion d’un streaker sur la pelouse. Retour à un système plus traditionnel, mais pas forcément plus cohérent, qui oscillait entre 4-4-2 losange et 4-3-3, signe que l’entraîneur des champions du monde 2018 ne savait pas vraiment où se situer et ne possédait aucune maîtrise sur la rencontre.»

«C’est bien Didier Deschamps qui aura perdu la première période dans les grandes largeurs, mais aussi en profondeur avec un 3-4-3 qui aura été un naufrage», abonde l’Equipe. On ne manquera pas non plus de noter le «Frexit» taquin de nos amis belges du Soir.

L’équipe de France pourra toujours se consoler avec ce tweet de la ministre des Sports : «Dur, affreusement dur. On aurait tellement aimé continuer l’aventure avec vous Kylian, on n’oublie pas tous les moments merveilleux que tu nous as offerts.»

«Nous sommes Astérix!»

Côté presse quotidienne régionale, même douche froide. Des «Bleus penauds» pour Nice-Matin, «un naufrage» selon la ProvenceLa Dépêche du Midi et l’Union titrent comme le Parisien sur «la désillusion». Sud-Ouest livre son «immense déception» et n’y va pas de main morte, évoquant une équipe «catastrophique en première mi-temps», tandis que la une de Ouest-France, elle, détonne. Elle est tout en retenue : «Euro 2021 : les Bleus éliminés par la Suisse.» Colère froide ou neutralité (suisse) affichée ?

«Match de fou», «de folie»… Chez les Helvètes, changement total de registre. «Voilà l’exploit !» titre le Temps. 20 Minutes rend hommage (en allemand) au gardien suisse, qui a arrêté la frappe de Kylian Mbappé et scellé le sort des Français : «Yann Sommer devient un grand héros.» Mêmes louanges pour 24 Heures. Le journal vante une équipe «héroïque» qui a su trouver «des forces insoupçonnées pour revenir à la hauteur des Bleus» alors que les champions du monde menaient 3-1.

«L’équipe nationale suisse écrit une page d’histoire. Un spectacle jusqu’au bouquet final», résume le Berner Zeitung, quand le Sankt Galler Tagblatt ose : «Nous sommes Astérix !» On ne pourra pas reprocher aux Suisses d’en faire trop : leur équipe ne s’était pas qualifiée lors d’un match à élimination directe dans une grande compétition depuis… soixante-sept ans.