Finalement, ils ont renoncé. Mardi soir, avant le coup d’envoi de France-Allemagne, les Bleus n’ont pas mis le genou à terre, un geste symbolique par lequel ils entendaient dénoncer le racisme dans le sport qui a déclenché une tempête alimentée toute la journée de mardi par l’extrême droite. On a d’abord cru avoir loupé l’image en raison de la coupure de pub juste avant les hymnes nationaux mais le capitaine Hugo Lloris a expliqué après le match les raisons de cette décision, critiquant en creux le manque de soutien de l’UEFA.
«Le genou par terre, c’était une décision collective. On part du principe que si on doit le faire, toutes les nations doivent le faire avec l’appui de l’UEFA, a déclaré Hugo Lloris, au micro de RMC. C’est le cas en Premier League, où le mouvement a été ensemble et solidaire. Sur cette compétition, c’est moins le cas.» «Cela ne veut pas dire qu’on ne soutient pas la cause, on ne veut surtout pas de racisme dans notre sport et dans la société, a insisté le capitaine. On voit plus les joueurs britanniques le faire car c’est dans la lancée de leur championnat. Il n’y a pas de débat, on est tous ensemble dans la décision.»
Pour de nombreux observateurs, l’incident provoqué par un militant de Greenpeace dans l’avant-match a aussi joué. Arrivé au-dessus du stade de Munich dans un engin de type ULM, ce dernier a manqué de s’écraser en tribune après avoir heurté un câble juste avant le coup d’envoi.
Le 2 juin, au Stade de France, les joueurs de Didier Deschamps avaient posé un genou à terre avant la rencontre amicale face au pays de Galles mais le geste avait été alors passé sous silence à cause de l’absence de supporteurs dans le stade et – cette fois – de la coupure pub imposée entre les hymnes et le coup d’envoi.
Agenouillement de Martin Luther King en 1965
Depuis le début de l’Euro, les Anglais et les Belges ont déjà observé cet hommage en début de match. A Saint-Pétersbourg, les Diables rouges s’étaient d’ailleurs fait siffler par le public russe tandis que le onze slave était resté debout. Dimanche, à Wembley, le take-a-knee des Three Lions avait quant à lui été couvert à la fois par des applaudissements et par des sifflets.
En quelques années, le geste est devenu un véritable symbole de la lutte contre le racisme. En 2016, deux joueurs afro-américains de football américain des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick et Eric Reid, s’agenouillent lors de l’hymne national joué avant chaque match de NFL pour protester contre les violences policières envers les minorités. Le geste ne sort évidemment pas de nulle part. Il reproduit l’agenouillement de Martin Luther King à Selma, dans l’Alabama en 1965, lors d’une manifestation pour le droit de vote des Afro-Américains quelques minutes avant qu’il ne soit interpellé par la police.