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Euro 2024 : à la maison, l’Allemagne veut retrouver l’âge de floraison

Euro de Football 2024dossier
Après deux Coupes du monde complètement ratées, la Mannschaft aborde la compétition européenne à domicile avec un effectif renouvelé et l’ambition de renouer avec ses succès d’antan.
Au Groupama Stadium de Lyon, le 23 mars. (Alexander Hassenstein/Getty Images via AFP)
publié le 14 juin 2024 à 7h33

13 juillet 2014, stade Maracanã de Rio de Janeiro : au bout de la nuit, le milieu de terrain allemand Mario Götze marque du pied gauche le seul but de la finale de la Coupe du monde contre l’Argentine, et offre à son pays le quatrième sacre mondial de son histoire. C’était il y a dix ans, une éternité à l’échelle sportive. Depuis, la Mannschaft, l’équipe nationale, a traversé la pire crise de son histoire. Résultat : personne n’ose guère ressortir le vieil adage selon lequel le football est un sport qui se joue à onze et que les Allemands remportent à la fin, à l’heure où les joueurs entraînés par Julian Nagelsmann s’apprêtent à affronter l’Ecosse, ce vendredi 14 juin à Munich, pour le match d’ouverture de l’Euro 2024. Une compétition qu’ils vont disputer à domicile, ce qui les place d’office parmi les favoris du tournoi, avec une ambition mêlée d’appréhension – la peur d’un nouveau bide.

Plusieurs cadres mis à l’écart

C’est que, depuis son triomphe au Brésil, la Mannschaft s’est effondrée, à la surprise générale. Jamais depuis 1938 les Allemands n’avaient été éliminés au premier tour d’une Coupe du monde. Ce fut pourtant le cas en 2018 en Russie, alors que, tenants du titre, ils avaient hérité d’un groupe plutôt abordable, avec la Suède, le Mexique et la Corée du Sud. Ce fut encore le cas, quatre ans plus tard, au Qatar. Battus d’entrée par le Japon, les coéquipiers de l’historique attaquant du Bayern Munich Thomas Müller avaient terminé à la troisième place de leur groupe, juste devant le Costa Rica. Entretemps, l’Allemagne avait aussi été sortie en huitième de finale de l’Euro 2020 (qui s’était déroulé en 2021, pandémie de Covid-19 oblige), battue par l’Angleterre. Beaucoup trop tôt, pour une sélection de ce niveau là, dont la quasi-totalité des joueurs évoluent au plus haut niveau international.

La mauvaise passe du football allemand s’est poursuivie au lendemain du Mondial qatari, au début de la longue série de matchs amicaux entamée par une Mannschaft qualifiée d’office, en sa qualité de pays hôte, pour l’Euro 2024. Quatre revers contre la Belgique, la Pologne, la Colombie et le Japon (quatre buts à un !) avaient conduit au limogeage, en septembre, du coach Hansi Flick. Son successeur, Julian Nagelsmann, est un entraîneur jeune (36 ans) mais déjà expérimenté, passé par Hoffenheim, Leipzig et le Bayern Munich, et deux fois champion d’Allemagne avec le club bavarois. A la tête de l’équipe nationale, il a procédé à une large revue d’effectif, et à la mise à l’écart de plusieurs cadres. Exit notamment le défenseur du Borussia Dortmund Mats Hummels (78 sélections) et le milieu de terrain du Bayern Munich Leon Goretzka (57 sélections), non retenus parmi les 26 joueurs qui participeront à la compétition.

«Nous ne devons pas oublier d’où nous venons»

Portée par son intarissable vivier munichois et par les saisons extraordinaires du Bayer Leverkusen (vainqueur de la Bundesliga, le championnat national) et du Borussia Dortmund (finaliste de la Ligue des champions), l’Allemagne se prend de nouveau à espérer. Au printemps, elle a enchaîné deux victoires en match amical contre des adversaires prestigieux, la France et les Pays-Bas. Avec Jamal Musiala (Bayern Munich) et Florian Wirtz (Bayer Leverkusen), elle aligne en attaque deux jeunes talentueux, qui comptent parmi les plus grands espoirs du foot européen. En même temps, elle peut s’appuyer sur l’expérience et le palmarès long comme le bras tatoué (une Coupe du monde, six Ligues des champions, sept championnats nationaux…) du milieu de terrain Toni Kroos, de retour avec la Mannschaft trois ans après avoir annoncé sa retraite internationale. Le milieu de terrain du Real Madrid, 34 ans, mettra un terme à sa carrière après la compétition.

Clément, le tirage au sort a placé la Mannschaft dans le groupe de l’Ecosse, de la Hongrie et de la Suisse – des adversaires a priori à la portée de l’équipe de Julian Nagelsmann. Mais la prudence reste de mise. «Nous ne devons pas oublier d’où nous venons. Nous n’avons pas réussi à montrer de bonnes performances constantes depuis la Coupe du monde au Qatar. Nous avons confiance en nous, mais nous savons qu’il nous reste encore beaucoup de travail à faire», a expliqué à la presse le défenseur Joshua Kimmich, conscient de «l’atmosphère incroyable» que pourrait engendrer un bon parcours de l’équipe nationale. Depuis la Coupe du monde, celle-ci a toujours perdu son premier match en compétition internationale. Il s’agira de ne pas rééditer pareille contre-performance ce vendredi 14 juin contre l’Ecosse, pour ne pas décevoir les supporteurs allemands qui rêvent de voir leur équipe renouer enfin avec son glorieux passé footballistique.