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Euro 2024 : la France et les Pays-Bas se quittent bons amis sur un nul

Euro de Football 2024dossier
Au terme d’une rencontre pauvre en occasions, les hommes de Didier Deschamps ne sont pas parvenus à faire la différence face aux Pays-Bas. Les deux équipes, avec 4 points, sont en tête du groupe D et en bonne position pour rallier les huitièmes de finale.
Adrien Rabiot tente une (étrange) passe vers Antoine Griezmann en première mi-temps du match face aux Pays-Bas. (Lee Smith/REUTERS)
publié le 21 juin 2024 à 22h55

Drôle de stade : le nouveau construit (en 2006, pour le Mondial) dans l’ancien et qui mange sur cette piste d’athlétisme qui faisait le charme des clubs omnisports de la République démocratique allemande, l’impression qu’un bernard-l’hermite agressif est allé boulotter un gastéropode pour s’installer dans sa coquille. Laquelle posait problèmes au sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps : des panneaux publicitaires entre son banc et la zone technique où les entraîneurs peuvent patrouiller pendant les matchs (du coup, il devait les contourner) et une simple bâche bleue tendue entre le couloir menant au terrain et le vestiaire, éventant ce qui pouvait se dire dans le saint des saints. Des tribunes, on y a vu et ressenti de la proximité entre joueurs et supporteurs, de l’intimisme à l’échelle des grands messes qui pavent le foot d’aujourd’hui, un côté mille-feuilles superposant le nouveau monde et l’ancien. Attachant.

Plus attachant que le match nul (0-0) que nous auront bricolé les Bleus et les Néerlandais vendredi dans la Red Bull Arena de Leipzig, qui sentait à plein nez le calcul et la mâle assurance des équipes pour lesquelles l’Euro allemand débutera vraiment dans une semaine, avec les 8e de finale par élimination directe. Kylian Mbappé n’était pas là, ça s’est vu mais ça ne change rien à l’attitude spéculative des uns et des autres, peut-être un poil plus chez les joueurs oranje, d’ailleurs. On a tout de suite senti les hautes manœuvres.

Touche légère et travail de fond brutal

Dans un style différent. Plus physique côté tricolore, ce qui leur assure une légère supériorité dans le bras de fer du milieu et la domination territoriale (quand on gagne les ballons, on joue chez l’adversaire). Plus fin chez Tijani Reijnders et consorts, ce qui les rend proportionnellement aussi dangereux, peut-être plus. Antoine Griezmann est mis à toutes les sauces. Création, animation des circuits de passes, récupération (on ne le changera pas), coups de pied arrêtés, capitanat en l’absence du maître (il est ainsi le seul à pouvoir s’adresser à l’arbitre anglais Anthony Taylor) et aussi présence dans la surface néerlandaise, puisqu’il est le seul buteur certifié des Bleus dans le onze de Deschamps. Pris à contre-pied, il glisse sur un service d’Adrien Rabiot alors que le but est vide (13e), frappe juste à côté dans la foulée (14e), touche plus de ballons en une demi-heure que dans l’intégralité du match remporté lundi contre la sélection autrichienne et sa touche légère, omniprésente, cache le travail de fond plus brutal et abrasif, destiné à payer au long, accomplis par Rabiot, Aurélien Tchouaméni ou Marcus Thuram.

Les Néerlandais, eux, ne se livrent pas vraiment, maintenant le match entre deux eaux. 0-0 aux citrons et une impression étrange, duplice. Dès le début de la seconde mi-temps, on constate que Griezmann s’est vu délivrer une nouvelle feuille de route : seconder Thuram devant, qui mène jusqu’ici un combat solitaire. Si les Tricolores y gagnent une sorte de perspective invisible (l’adresse du Madrilène devant le but, dès fois que le ballon arriverait), ils perdent aussi en contrôle et en justesse. Ces deux composante n’ayant pas non plus, il est vrai, fait la rue Michel en première période.

Grande trouille

Merveilleusement servi par N’Golo Kanté, décidément capable de tout, Griezmann s’est encore vu offrir une occasion franche comme l’or manquée par la faute d’un contrôle médiocre (le ballon lui reste dans les jambes), indice d’une fraîcheur physique suspecte (65e). Bizarre pour bizarre, la rencontre va basculer dans un trou temporel de trois bonnes minutes, le temps qu’Anthony Taylor – ou plutôt quelqu’un d’autre, ailleurs, préposé à l’arbitrage vidéo – invalide un but du milieu néerlandais Xavi Simons (70e) pour un hors-jeu de position et les vingt-deux présents ont plutôt eu du mal à s’en remettre, les ailes de la grande trouille ayant frôlé le camp tricolore et la sélection des Pays-Bas ressassant quelque peu la mésaventure, sentant tout de même confusément qu’elle n’est plus très loin d’aller chercher le match.

Elle ne l’a pas vraiment voulu, les Bleus n’en ont pas fait une maladie non plus et les deux équipes tournent à quatre points avant la dernière journée du groupe, qui verra les Tricolores aller ramasser les restes d’une Pologne déjà éliminée mardi à Dortmund. Ce serait bien de marquer : un but (et encore, un Autrichien avait marqué contre son camp) en trois heures de jeu, il y a un problème. Que Mbappé seul ne pourra pas résoudre tout seul mais ça, c’est nous qui le disons.