Cinq jours après son succès inaugural contre l’Ecosse à Munich (5-1), la Mannschaft allemande a continué son parcours sans accroc à l’Euro 2024 en s’imposant contre la Hongrie (2-0), ce mercredi 19 juin à Stuttgart. L’entraîneur Julian Nagelsmann avait reconduit exactement les mêmes garçons que lors du match d’ouverture et, encore une fois, le pays hôte s’est mis en confiance par un but rapide. Un drôle de but, œuvre du phénomène Jamal Musiala, déjà décisif contre l’Ecosse et désormais seul meilleur buteur de la compétition. Vingt minutes après le coup d’envoi, le jeune attaquant du Bayern Munich profite d’une confusion consécutive à une perte de balle du Hongrois Willy Orban, qui, comme son gardien, a sans doute d’abord pensé que l’arbitre allait siffler une faute en sa faveur, pour se retrouver en position favorable à quelques mètres de la cage. Et balancer une mine surpuissante qu’un défenseur hongrois, sur sa ligne, échoue à repousser.
Fébriles en première mi-temps
A Stuttgart, cependant, l’adversaire est autrement coriace que la Tartan Army écossaise. Certes, les Hongrois ont manqué leur entrée en lice face à la Suisse (défaite 3-1 à Cologne), mais ils ont fait preuve de solidité et de constance pendant les éliminatoires - aucune défaite en huit matchs. Ils alignent sur le terrain une poignée de joueurs de très haut niveau, dont tous ou presque ont joué en Allemagne, notamment à Leipzig, à l’image de Dominik Szoboszlai, désormais à Liverpool. Dans une MHP Arena incandescente, où les supporteurs magyars en rouge, moins nombreux mais pas moins bruyants, répondent du tac au tac aux Allemands en blanc, c’est d’ailleurs la Hongrie qui se procure la première énorme occasion, après quinze secondes de jeu à peine.
Reportage
Mais Manuel Neuer, l’inébranlable gardien de la Mannschaft et du Bayern Munich, remporte son face-à-face avec l’attaquant hongrois. Critiqué avant la compétition pour une erreur lors d’un match amical contre la Grèce - au point que son statut de titulaire a été discuté dans la presse, l’homme aux 120 sélections est parti pour une grande soirée. En première mi-temps, il sortira encore deux arrêts décisifs sur coup franc, histoire de rappeler que même à 38 ans il est toujours un grand gardien. C’est que les Allemands apparaissent fébriles et vulnérables, par moments. Moins sereins que la semaine précédente à Munich, où ils n’avaient concédé aucune occasion - si ce n’est le but contre son camp marqué par Antonio Rüdiger. «Quand on voit que Neuer doit faire trois gros arrêts en une mi-temps contre la Hongrie, il y a de quoi avoir peur pour la suite du tournoi, quand on affrontera des équipes d’un niveau plus élevé», s’inquiète à la mi-temps, notre pessimiste voisin de table, un journaliste allemand qui bosse pour la presse suisse.
Déboires du passé
Devant, la Mannschaft se montre aussi davantage brouillonne, mais elle affiche une telle densité offensive qu’elle semble capable de mordre à tout moment. Avec son numéro 10 dans le dos, c’est Jamal Musiala, l’attaquant du Bayern Munich, qui fait la plus forte impression, par ses dribbles et sa capacité à toujours accélérer le jeu. Mais c’est le capitaine İlkay Gündoğan qui scelle le sort de la rencontre, à la réception d’un centre de Maximilian Mittelstädt, local de l’étape (il évolue au VfB Stuttgart), à la 67e minute du match. Il aurait pu en être autrement, mais les Magyars, assommés par ce deuxième but, semblent soudain résignés. L’Allemagne peut dérouler son jeu, faire tourner son effectif et s’offrir les dernières occasions de la rencontre.
Deux matchs, six points, sept buts inscrits et un seul encaissé. Tout n’était pas parfait, ce mercredi à Stuttgart, mais l’essentiel est là : pour la première fois depuis douze ans, l’Allemagne remporte son deuxième match consécutif dans une compétition internationale, et assure ainsi sa qualification pour les huitièmes de finale. Ce n’est déjà pas rien, quand on se rappelle des déboires vécus par les Allemands lors des deux dernières Coupes du Monde (deux éliminations au premier tour). Pour le dernier rendez-vous de la phase de groupes, dimanche à Francfort contre la Suisse, Julian Nagelsmann pourra même peut-être se payer le luxe de reposer ses cadres avant d’entrer dans le dur de la compétition, les matchs à élimination directe. A Stuttgart comme ailleurs en Allemagne, on se prend désormais à rêver d’un été triomphal, pour rendre à la Mannschaft sa splendeur footballistique.