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Désillusion

Euro 2024 : l’Allemagne se fait sortir à l’heure espagnole

Euro de Football 2024dossier
L’Espagne a éliminé l’Allemagne de son Euro 2024, ce vendredi 5 juillet à Stuttgart, au terme d’une rencontre époustouflante (2-1 après prolongation). Elle affrontera en demi-finale le vainqueur de France-Portugal.
Le milieu de terrain espagnol Mikel Merino célèbre le deuxième but de son équipe lors du quart de finale de l'UEFA Euro 2024 entre l'Espagne et l'Allemagne à la Stuttgart Arena à Stuttgart le 5 juillet 2024. (Tobias Schwarz /AFP)
par Samuel Ravier-Regnat, envoyé spécial à Stuttgart
publié le 5 juillet 2024 à 20h41
(mis à jour le 5 juillet 2024 à 20h47)

L’Euro 2024 va se poursuivre sans le pays hôte, mais avec une équipe d’Espagne ultra-séduisante qui ressemble chaque jour davantage à un champion d’Europe. Impressionnante de maîtrise et de qualité technique pendant plus d’une heure, la Roja s’est qualifiée ce vendredi 5 juillet pour les demi-finales en éliminant l’Allemagne, vaincue à Stuttgart, deux buts à un après prolongation, au terme d’une rencontre spectaculaire. On les aurait bien gardées toutes les deux, pourtant, l’Allemagne et l’Espagne, les deux meilleures nations depuis le début d’une compétition marquée par les performances poussives et ennuyeuses des autres favoris (on pense à la France et à l’Angleterre, sans parler de l’Italie, sortie prématurément), les deux seules à avoir remporté trois fois l’Euro dans l’histoire, mais le tirage au sort en avait décidé autrement. «Ça aurait pu être la finale», avait posé le sélectionneur ibérique, Luis de la Fuente, lors de la conférence de presse de la veille.

Panache

C’était peut-être une finale (pas vraiment, de fait, puisqu’il reste encore deux matchs à disputer avant un éventuel sacre), mais les deux équipes avaient décidé de l’aborder avec panache, sans la frilosité qui accompagne parfois les affrontements à si haute altitude, en jouant comme elles ont l’habitude de le faire – vite et vers l’avant. En mettant le pied dans les duels, aussi, quitte à être méchant, notamment côté Mannschaft. En témoignent les deux mauvais coups distribués d’emblée par le légendaire milieu de terrain allemand Toni Kroos, dont le premier coûte sa place au jeune prodige barcelonais Pedri, sorti dès la huitième minute de jeu, effondré.

Miraculeusement, le joueur du Real Madrid, qui a disputé ce vendredi le dernier match de son immense carrière, sort de cette séquence sans le moindre carton jaune, alors qu’il aurait sans doute mérité l’expulsion pour l’ensemble de son œuvre. Quant à Pedri, victime d’une entorse au genou, sa compétition est terminée, et il ne jouera sans doute pas au football avant plusieurs semaines.

Le ton est donné. Pedri ou pas, cependant, c’est la Roja qui prend peu à peu le contrôle du jeu. Plus dangereuse, plus entreprenante, plus précise, plus rapide, avec ses deux jeunes ailiers – Nico Williams et Lamine Yamal – qui donnent le tournis à tout le continent. Le sélectionneur allemand Julian Nagelsmann ne s’y trompe pas, lui qui choisit de remplacer deux joueurs dès la mi-temps pour renverser l’histoire de la rencontre. En vain. Cinq minutes après la pause seulement, l’Espagne ouvre le score, sur un centre à ras de terre de Lamine Yamal repris du pied droit par Dani Olmo. Juste retour du destin : remplaçant au coup d’envoi, l’attaquant de Leipzig est entré en jeu en raison de la blessure de Pedri.

Favorite au triomphe final

Mais il fallait résister, ensuite, aux assauts d’une Mannschaft portée par la ferveur de la MHPArena, ces dizaines de milliers de supporters qui avaient rallié le stade à pied, foule incandescente, en début d’après-midi. Une défense espagnole recroquevillée, qui compte les minutes avant le terme, souffle un grand coup quand la frappe de l’entrant Niclas Füllkrug, coqueluche du public, s’écrase sur le poteau, et cède finalement, si près du but (89e), sur une demi-volée du jeune Florian Wirtz.

Tout est à refaire, et tout sera refait, au bout du bout d’une prolongation tendue, que les Ibériques en souffrance auront essentiellement passée à gagner du temps pour atteindre la séance de tirs au but, sauvés aussi par une nouvelle décision arbitrale litigieuse (un penalty qui aurait pu être accordé aux Allemands). Sur un centre venu de la gauche, c’est du milieu de terrain de la Real Sociedad Mikel Merino qu’arrive finalement la lumière, inespérée. Les remplaçants euphoriques se ruent vers le buteur, et l’historique Toni Kroos, vaincu, baisse la tête. L’Allemagne est éliminée.

En trois semaines de compétition, l’Espagne a déjà écarté de son chemin la Croatie (3-0), l’Italie (1-0), et donc l’Allemagne, autant d’équipes qui apparaissaient avant l’été comme des prétendantes sérieuses au dernier carré. Elle n’a encaissé que deux buts en cinq matchs. Malade au lendemain de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, qu’elle avait quittée dès les huitièmes de finale, contre le Maroc, la Roja se présente désormais comme favorite dans la course au triomphe final. «Nous nous voyons comme une équipe très forte qui a le potentiel pour viser le titre», assumait le sélectionneur Luis de la Fuente avant le match. Mais avant de voir la finale, la vraie, à Berlin, la bande à Dani Olmo devra encore se débarrasser d’un cador, mardi à Dortmund. Ce sera soit la France soit le Portugal, qui s’affrontent ce vendredi soir à Hambourg.