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Euro 2024 : les Bleus écartent la Belgique après une somme d’occasions

Euro de Football 2024dossier
L’équipe de France s’est qualifiée en quarts de finales, ce lundi 1er juillet, en sortant les Diables Rouges sur la plus petite des marques (1-0). Leur quart se déroule ce vendredi à Hambourg.
Randal Kolo Muani célèbre le but français, ce lundi à Düsseldorf. (Ozan Kose/AFP)
publié le 1er juillet 2024 à 19h51

Le moins que l’on puisse dire est que les Belges et Français n’auront pas offert un spectacle à réveiller un pays déprimé lundi, à la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf. Mais un 8e de finale de Championnat d’Europe se gagne et les Bleus ont rallié les quarts (1-0) avec leur impuissance offensive, leurs difficultés récurrentes dans le jeu, une certaine fatigue aussi, qui aura rattrapé Adrien Rabiot ou N’Golo Kanté alors qu’Antoine Griezmann ou Théo Hernandez apparaissent complètement cuits depuis leur arrivée en Allemagne. On aura ainsi assisté à du football hautement spéculatif, pensé et exécuté pour terminer les matchs sur une marge minimale: les deux équipes ont partagé cette idée-là. Et le perdant, quel qu’il fût lundi, n’avait aucune chance de laisser le moindre sentiment, le moindre regret derrière lui. On veut dire que si les Bleus n’ont pas fait grand-chose, les Belges n’ont pas volé leur retour prématuré à la maison non plus.

Le sélectionneur tricolore, Didier Deschamps, avait encore modifié ses batteries tactiques en sortant un dispositif dit en 4-3-3 (quatre défenseurs, trois milieux, trois attaquants dont deux écartés sur les ailes) avec un Antoine Griezmann qui lâche son poste de meneur de jeu pour s’exiler côté droit, ce qui ne lui était plus arrivé en sélection depuis une paye. Avantage du système: sortir de l’équipe Ousmane Dembélé, indigent depuis le début de la compétition. Et rebattre le jeu de cartes. Après, s’il n’y a pas d’as...

Long conciliabule

On a d’abord été frappé par le nombres invraisemblables de conciliabules entrepris par les joueurs belges. Jan Verthongen avec Amadou Onana, le même Onana avec Romelu Lukaku, Jérémy Doku qui s’insurgeait à chaque fois que le ballon ne lui parvenait pas, le capitaine Kevin De Bruyne qui s’en prend à tout le monde... Un véritable symposium. Autant ramener des chaises et des pupitres. A l’allure où les deux équipes ont attaqué le match, ça n’aurait du reste pas gêné grand-monde. Le vacarme des Diables racontait cependant une histoire, trahie par le long conciliabule mené par Lukaku avec les joueurs en cercles autour de lui avant le match: une exacerbation, cette équipe au bord des nerfs qui sait devoir se faire violence pour arracher quelque chose et tenir cet état de tension.

Les Bleus, eux, ont déroulé en silence. Assis sur une certaine supériorité technique et une acuité un peu supérieure dans l’utilisation du ballon, ils auront d’abord occupé la moitié de terrain adverse en père peinard, avec patience, faisant circuler et circuler encore un ballon dont ils n’auront pas fait grand-chose. Une tête de Marcus Thuram (34e) sur un centre de Jules Koundé et une frappe d’Aurélien Tchouaméni après un débordement féroce de Kylian Mbappé (45e +1), les deux fois au-dessus, auront constitué un maigre butin tout en ayant le mérite d’animer les débats. 0-0 aux citrons. La rencontre a bel et bien commencé, mais le béotien pouvait s’y tromper.

Des jambes en panne

Elle a commencé parce que les Bleus ont jugulé le fusil à deux coups de l’équipe belge. Le premier coup: la puissance physique de Lukaku, que William Saliba jugule sans effort apparent. Et la qualité de dribble de Doku, le meilleur dans cet exercice lors de cet Euro jusqu’ici (les statistiques font foi), lequel Doku voit surgir deux ou trois défenseurs tricolores dès qu’il touche un ballon. L’influence respective de Griezmann (à droite) et de Mbappé (à gauche) tendant vers zéro, la seconde période a été assez longue encore que les Belges ont continué à l’animer par la parole, avec une bienveillance grandissante les uns envers les autres nous a t-il semblé. Entre ça et le relatif silence des supporteurs français massés dans le stade, on a fini par y voir un signe néfaste pour les Bleus, d’autant que De Bruyne est allé chercher les gants du gardien tricolore Mike Maignan d’une frappe lourde. Et puis, on n’a plus rien vu du tout.

Un ballon qui circule comme les autres devant la surface belge, un coup Griezmann, un coup Koundé, un coup N’Golo Kanté qui trouve Randal Kolo Muani, rentré en jeu, dans la surface: Jan Vertonghen dévie malencontreusement la frappe du Parisien et les Bleus ont pris les commandes comme ça (1-0, 85e), sur un coup de dé. Et c’est là, pendant une petite dizaine de minutes à peine, qu’on a entrevu ce que le match aurait pu être. De Bruyne et consorts se sont alors jeté sur tous les ballons comme des possédés, Doku a (enfin) été servi en première intention et il est rentré dans la défense tricolore comme un maboul se frapperait la tête contre les murs. La révolte est venu de partout. Après, on ne bat pas l’équipe de France en jouant dix minutes.

Après six jours sans match, les Bleus vont reprendre leur rythme infernal d’un match tous les quatre jours: leur quart est pour vendredi à Hambourg, et on ne voit pas comment ils vont se découvrir des jambes d’ici là. Mais ils sont toujours dans le tournoi. Et on a le sentiment, pour ne pas parler de certitude, qu’il est inutile de leur demander plus.