On ne prend pas les mêmes mais on recommence. Des Bleues très remaniées repartent de Saint-Gall en ayant fait le job contre le Pays de Galles (4-1). Laurent Bonadei voulait-il préserver ses cadres en vue d’une confrontation au couteau lors de la 3e journée contre les Pays-Bas ? A tout le moins avait-il suffisamment confiance en ses jokers pour changer une partie de ses troupes, signe au passage du gros réservoir de talents dont regorge cette équipe de France.
Une formation considérablement retouchée, pas moins de sept changements, accouchant sur le terrain d’une intrigante opposition : de très jeunes Françaises confrontées à d’expérimentées Galloises, mais qui participaient paradoxalement à leur tout premier Euro, portées là à bout de bras par son trio de vétéranes – Angharad James, Hayley Ladd, Jessica Fishlock - à plus de 100 sélections chacune. La dernière citée, la doyenne (38 ans, 163 sélections, 47 buts), la plus iconique aussi tant ses seize années à enfiler le maillot gallois racontent en creux un bon pan de l’histoire footballistique des Dragonnes, est assurément celle qui a fait le plus mal aux Bleues. Devenue star de la ligue américaine avec Seattle, «le visage de l’équipe de Galles», dixit la sélectionneuse Rhian Wilkinson, s’est rappelée ce mercredi soir aux bons souvenirs de l’époque où elle martyrisait les défenses du championnat de France avec l’OL, il y a encore de cela six ans. Sur une balle en profondeur mal négociée par N’Dongala côté gauche, le cuir est remis en jeu par Sombath en direction de l’increvable milieu de terrain. Meilleure buteuse de l’histoire de la sélection, elle devient ce mercredi la scoreuse inaugurale de l’histoire de Cymru dans la compétition. L’affaire paraissait presque déjà écrite.
Une prouesse, un événement, qui a fait chavirer de bonheur les milliers de supporters et supportrices galloises, l’un des contingents les plus importants parmi toutes les nations participantes, donnant l’impression qu’elles jouaient un peu à domicile à Saint-Gall. Avec une attitude «rien à perdre, tout à gagner» dont on sait que, dans un Euro de foot, l’affaire pouvait avoir tout l’air du piège parfait pour la France.
Clara Mateo cinq étoiles
Sauf que ce but était bien là l’une des rares incursions galloises dans la surface bleue. Tout le reste du temps, la France avait ressorti le même topo que contre les Anglaises : confiscation du ballon, beaucoup de courses pour empêcher les Galloises de se structurer dans l’entrejeu.
Avec, cette fois, une Française qui scintillait plus que les autres : Clara Mateo. Meilleure buteuse du championnat de France cette année, la discrète attaquante du Paris FC, 27 ans, aurait largement pu postuler à une titularisation d’entrée contre les Anglaises. Ce mercredi soir, à Saint-Gall, sa partition risque de donner de sacrés maux de tête au sélectionneur Laurent Bonadei au moment de faire sa prochaine composition d’équipe dimanche. Trois éclairs de la Parisienne ont permis aux Françaises de garder la tête du groupe D. Qui plus est, en étalant toute sa palette technique. D’abord en enchaînant un superbe contrôle poitrine-reprise de volée pour l’ouverture du score. Puis en provoquant un pénalty, transformé par Kadidiatou Diani, après s’être jouée de deux défenseuses dans la surface. Enfin, en allant gratter un ballon précieux dans les pieds de la gardienne adverse pour le but du 3-1 inscrit par Amel Majri, 91 sélections et plus de onze années passées avec l’équipe de France, histoire de rappeler que les Françaises aussi avaient aligné quelques roublardes. La latérale gauche lyonnaise s’est surtout vue là récompenser de ses nombreuses prises d’initiatives, notamment en première période, au cours de laquelle ses centres, frappes enroulées, et autres petits ballons dans les interstices, ne sont pas parvenues à trouver preneuse.
C’était avant que la machine tricolore se mette doucement en marche et accélère sans discontinuer, une ultime réalisation de la capitaine Grace Geyoro peu après l’heure de jeu parachevant le succès. Après ce récital, les voilà maintenant quasi qualifiées pour les quarts de finale. Il faudra confirmer toutes ces promesses entrevues dimanche soir, contre les Pays-Bas, qui conservent des chances de rallier le tour suivant, à condition de donner une correction aux Bleues. Voilà qui promet du jeu.