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Sur la sellette

FFF : après la publication d’un audit dénonçant des «dérives de comportement», le sort de Le Graët étudié le 28 février

L’audit de l’IGESR publié ce mercredi conclut que le président de la FFF et ses «dérives de comportement» ne sont pas compatibles avec l’exercice de ses fonctions. Le comité exécutif de l’instance se réunira le 28 février pour statuer sur son sort.
Le président de la FF Noel Le Graët lors d'un entraînement au Jassim Bin Hamad stadium de Doha, au Qatar, le 19 novembre 2022. (Christophe Ena/AP)
publié le 15 février 2023 à 18h34
(mis à jour le 16 février 2023 à 16h09)

«Le statu quo est impossible», a tranché mercredi soir la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, après la publication des conclusions de la mission d’audit sur la FFF. Noël Le Graët n’a plus «la légitimité nécessaire pour administrer et représenter» le football tricolore a ajouté la ministre. Le dirigeant de la FFF depuis 2011 «est un homme de décision, j’espère qu’il prendra les bonnes pour la Fédération, mais aussi pour lui-même. D’autres voies existent s’il ne le fait pas», a dit la ministre lors d’une conférence de presse suivant la conclusion de la mission d’audit sur les «dysfonctionnements» dans la plus grande fédération sportive de France. Le comité exécutif de la FFF se réunira en séance extraordinaire le 28 février à 10h au siège de la FFF, boulevard de Grenelle à Paris, pour tirer les conclusions de l’audit et débattre du sort de Le Graët, a appris l’AFP auprès d’une source en interne.

Une date qui ne semble pas convenir au président du Conseil national de l’éthique (CNE), Patrick Anton, pour qui «il est urgent d’agir». Ce dernier a appelé jeudi Noël Le Graët à démissionner. Le CNE «ne s’est pas encore réuni mais la tendance est de demander sa démission» puisque le rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a clairement établi qu’il «n’avait plus la légitimité pour diriger une fédération sportive», affirme son président. «Notre levier à nous, s’il ne démissionne pas, ce sera de le traduire devant une commission de discipline» afin d’engager une procédure pouvant aller jusqu’à la radiation, indique Patrick Anton, peu enclin à activer ce processus pour celui qui a autrefois été «un grand dirigeant».

La synthèse, publiée ce mercredi, conclut que les «dérives de comportement» de Noël Le Graët «sont incompatibles avec l’exercice des fonctions et l’exigence d’exemplarité qui lui est attachée». Le document de l’IGESR, daté de mercredi, pointe des «prises de position publiques déplacées», «le comportement inapproprié […] vis-à-vis des femmes» notamment à travers des «SMS ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d’autres», et «invite les instances fédérales à examiner cette situation en application des dispositions statutaires».

«Les auditions conduites par la mission ont mis en évidence que le caractère déplacé et injurieux des propos de Noël Le Graët peut être accentué par la consommation excessive d’alcool», écrivent encore les inspecteurs, après quatre mois et demi d’enquête et plus de cent témoignages recueillis. Ils affirment avoir pris en compte les observations formulées par ses avocats après l’envoi d’un pré-rapport, le 30 janvier, mais assurent que «le sens général» du rapport définitif, rendu mercredi, «ne s’en est pas trouvé modifié». En conséquence, ils considèrent toujours que le dirigeant de la FFF «ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français».

Les auditeurs reconnaissent que Le Graët «jouissait d’une image très positive dans le monde du football, après avoir redressé les finances de la FFF et modernisé son organisation au service d’une dynamique sportive positive», avant que l’usage «très centralisé» du pouvoir ne débouche sur «des dysfonctionnements et des logiques claniques».

Les «méthodes brutales» de Florence Hardouin

La synthèse souligne par ailleurs «les méthodes brutales et le comportement jugé erratique» de la directrice générale Florence Hardouin, mise à pied en janvier, qui «ne lui permettent plus d’exercer une autorité reconnue». Les «compétences affirmées» de la DG sont certes reconnues mais son «autonomie décisionnelle» a «dérivé vers un isolement inquiétant pour l’institution», affirme le document, en pointant la relation devenue «toxique» entre Le Graët et Hardouin. Celle-ci affirme par ailleurs «avoir souffert du comportement inapproprié» du dirigeant de 81 ans.

Le comité exécutif, sorte de gouvernement de la FFF, est aussi pointé du doigt. Le fonctionnement de l’instance, décrite comme «un lieu de constats et de consensus», «illustre une faiblesse d’exercice démocratique» car les projets internes sont «peu ou pas débattus», est-il écrit. Avec la publication de ce rapport, il semblerait toutefois que le comité se réveille. Le président en exercice depuis 2011, lui, n’a pas encore réagi publiquement mais, selon une source haut placée à la Fédération, il n’est pas décidé à démissionner. Plusieurs personnalités fédérales l’ont néanmoins invité à quitter ses fonctions.

Mise à jour jeudi à 16 h 10 : avec la réaction du CNE.