Comme à leur habitude, les Anglais prennent le foot très au sérieux. Dimanche 14 juillet, les unes de la presse britannique appellent à un «dernier effort» et promettent : «We Kane do it !» («on peut le faire», tourné en jeu de mots avec le nom de l’attaquant du Bayern Munich et de l’équipe nationale, Harry Kane). Les supermarchés Tesco ferment plus tôt pour laisser leurs employés regarder la finale de l’Euro 2024 face à l’Espagne, quand ceux de Lidl pourront pointer plus tard lundi matin après avoir fait la fête – ou déprimé – toute la nuit. Les pubs ont sorti les fanions et les écrans géants, les fans ont accroché le drapeau à la croix de Saint-Georges à leurs fenêtres, et se surprennent à chantonner l’hymne de 1996, «Three Lions» («It’s Coming Home»).
«Moi j’y crois, sourit Andrew, en servant un cappuccino à un client dans son café du sud de Londres. On mérite d’être là, et il y aura des opportunités à saisir pour les deux équipes ! Il n’y a pas de raison.» A en croire les bureaux de paris sportifs, beaucoup pensent autrement. L’excitation est palpable mais teintée de prudence, car, comme à chaque match d’importance, le paradoxe anglais resurgit : l’équipe masculine de la nation qui a inventé le football moderne est aussi celle qui a participé au plus grand nombr