Combien de spectateurs assisteront à la finale de la Coupe du monde 2022, dimanche, entre la France et l’Argentine au stade de Lusail ? Il y a plusieurs réponses possibles à cette question. La première consiste à dire qu’il suffira d’attendre que les organisateurs communiquent ce chiffre pendant le match, comme c’est désormais de coutume lors des grandes rencontres sportives. Problème : ce chiffre ne sera pas forcément le reflet de la réalité.
Depuis le début de la compétition, nombre de médias ont pointé le décalage entre les affluences annoncées et la réalité des travées. Parfois, les chiffres dépassaient même la capacité officielle des stades. Par exemple, 41 721 personnes sont censées avoir vu le match de poule entre les Pays-Bas et le Sénégal au stade Al-Thumama, lequel est doté de… 40 000 places, selon les informations de la Fifa. L’instance a depuis révisé la capacité officielle des stades et c’est ainsi que le stade de la finale, nanti de 80 000 places avant le début du tournoi, peut aujourd’hui accueillir 88 966 spectateurs.
L’autre façon de répondre à la question, c’est qu’on ne peut que se contenter que d’estimations. Entre les spectateurs munis de billets qui ne se présentent pas mais qui sont quand même comptabilisées, les affluences artificiellement gonflées par les organisateurs, les capacités à géométrie variable des stades, on n’a jamais une photographie exacte, juste une idée. A fortiori lorsqu’on remonte dans le temps et que l’on essaie de savoir devant combien d’hommes à chapeaux et de femmes à bibis se sont disputées les premières finales de Coupe du monde. Avec des ressources parcellaires, en essayant de retrouver les capacités de chaque stade à l’époque et les affluences communément admises, on s’est tout de même livré à l’exercice.
Le Maracanã et le stade Azteca, rois des arènes
On ne saura jamais vraiment combien de personnes assistèrent au Maracanaço, le «choc du Maracanã», la finale perdue à domicile par le Brésil en 1950 contre l’Uruguay. Mais il est certain que c’est la finale de Coupe du monde qui a rassemblé le plus de spectateurs : près de 200 000, dans un stade de Rio bien éloigné des normes actuelles. D’ailleurs, quand le Maracanã accueillit une nouvelle finale de Mondial, soixante-quatre ans plus tard, il était configuré pour n’accueillir qu’un peu moins de 80 000 spectateurs. Cette jauge est plus ou moins le standard du XXIe siècle. Auparavant, on n’hésitait pas à remplir davantage les enceintes. Par exemple le stade Azteca de Mexico, qui enregistra pour les éditions 1970 et 1986 les deuxième et troisième plus grandes affluences de l’histoire des finales de la Coupe du monde.
Pour ce qui est des plus petites affluences, il faut remonter plus loin dans le temps, à l’époque où le football n’était pas encore le sport archidominant qu’il est aujourd’hui, un temps où les stades étaient aussi généralement moins grands. Les deux premiers titres italiens, en 1934 et 1938, furent décrochés devant le plus faible nombre de spectateurs. Pour le premier parce que le Stadio del Partito Nazionale Fascista n’affichait qu’une capacité d’accueil de 47 300 places (il sera démoli dans les années 1950), pour le second parce que le stade Yves-du-Manoir de Colombes ne fit pas le plein. Seuls 45 124 spectateurs assistèrent à la finale entre Italiens et Hongrois, contre 58 455 pour le quart de finale entre la France et l’Italie.
Pour compléter le podium des affluences les plus médiocres, la finale de 1958 entre la Suède et le Brésil ne se disputa que devant 49 737 personnes au stade Råsunda de Stockholm. Moins de 50 000 personnes pour voir le génie Garrincha distribuer deux passes décisives et la légende Pelé décrocher son premier titre.