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Honte

Foot : émoi en Belgique après des saluts fascistes lors d’une action antiraciste dans un stade

Alors que le Club Bruges allait affronter le Standard de Liège dimanche 4 août, plusieurs fans brugeois ont réalisé des saluts nazis. Condamnant «fermement» ce comportement, le Club Bruges a identifié 24 supporters et lancé une procédure en vue de leur interdiction de stade.
Des dizaines de supporters brugeois ont effectué un salut du Kühnen, une alternative au salut nazi et qui consiste à lever trois doigts en l’air juste avant un match face à Liège dimanche 4 août 2024. (Jaak Moineau/Hans Lucas)
publié le 5 août 2024 à 20h35

Les images ont profondément choqué dans le pays et au-delà. Dimanche 4 août, alors que le Club Bruges s’apprêtait à jouer contre le Standard de Liège, des dizaines de supporters brugeois ont effectué un salut du Kühnen, une alternative au salut nazi et qui consiste à lever trois doigts en l’air. Le geste a d’autant plus indigné qu’il a été réalisé en pleine action contre le racisme, organisée avant le coup d’envoi de ce match du championnat de football belge.

L’évènement, au cours duquel plusieurs enfants du centre de formation liégeois sont apparus avec des masques rouges et blancs, visait à bannir le racisme des stades. Après la polémique, le club flamand a rapidement réagi dans la soirée, condamnant «fermement ce comportement». «Le Club enquêtera plus en profondeur, soutiendra activement la police, identifiera les supporters et les sanctionnera ensuite dans la mesure de ses possibilités», a-t-il précisé dans un communiqué, avant de souligner qu’il n’y avait «pas de place pour le racisme au sein de la famille bleu-noir».

Ce lundi 5 août, le FC Bruges – sacré champion de Belgique lors de la saison précédente – a fait savoir que 24 supporters avaient été identifiés, et qu’une «procédure visant à imposer une interdiction de stade» avait été entamée. «Un dossier a été constitué contre ces supporters auprès de la Chambre nationale pour les exclusions civiles de la RBFA [la Fédération royale belge de football], qui devrait déboucher sur une interdiction de stade. En outre, le Club travaille en étroite collaboration avec la police pour toute démarche ultérieure», a déclaré la direction dans son communiqué.

Près d’une trentaine de dossiers ouverts la saison dernière

La Pro League – l’Organisation du football professionnel belge – a réagi à son tour cet après-midi, diffusant un message intitulé «Pas de place pour le racisme dans notre football». «Le racisme est tout simplement idiot et punissable. Celui qui le commet n’est plus le bienvenu chez nous. Un point, c’est tout. Ni dans notre football, ni dans nos tribunes», a martelé Lorin Parys, le directeur général de la Pro League. Dans son communiqué, l’organisation précise que les spectateurs impliqués pourraient se voir infliger une interdiction de stade allant jusqu’à 10 ans, et que les actions à l’encontre du club «peuvent conduire à des sanctions telle qu’une amende ou même la fermeture des tribunes».

Ce n’est pas la première fois que des ultras du Club Bruges se rendent coupables de tels gestes. Fin juillet, des signes nazis de la part de supporteurs des «Blauw en Zwart» avaient déjà émaillé le match de Supercoupe face à l’Union Saint-Gilloise. Le champion en titre avait alors précisé avoir identifié un fautif, lui aussi visé par une procédure d’interdiction de stade. «La saison dernière, le Club avait déjà ouvert 26 dossiers de sa propre initiative concernant des comportements répréhensibles dans le stade (pyromanie, jet de gobelets, violence…)», a ajouté l’institution.

Dans les colonnes du journal belge Le Soir ce lundi, le politologue et sociologue Jean-Michel De Waele a estimé que l’on assistait «à une banalisation de l’extrémisme, du racisme, du fascisme». «Avec les scores (électoraux) du Vlaams Belang (parti d’extrême droite) en Flandre, avec la droitisation, avec le rejet des migrants qui s’empare de toute l’Europe, comment ces sentiments ne se trouveraient-ils pas présents dans les stades ?», s’est-il inquiété. Appelant à ne pas fermer les yeux sur ces faits, l’universitaire s’est positionné en faveur de «mesures drastiques», tout en rappelant que «faire ce type de salut n’a rien de folklorique».