Menu
Libération
CAN

Foot: le Sénégal champion d’Afrique après sa victoire aux tirs au but contre l’Egypte

La finale de la Coupe d’Afrique des nations s’est jouée dimanche soir sur un faux rythme fatal aux Pharaons jusqu’alors maîtres en la matière.
L'Egyptien Abdel-Moneim à la lutte avec le Sénégalais Sadio Mané, dimanche. (Sunday Alamba/AP)
publié le 7 février 2022 à 0h02

Le Sénégal a gagné au jeu où l’Egypte ne perdait plus depuis 1984 : les tirs au but. Le pays est champion d’Afrique pour la première fois de son histoire, après une finale à l’image de cette Coupe d’Afrique des nations : le faux rythme comme religion officielle, donc un exercice de patience pour les équipes, les joueurs et ceux qui les regardent. 0-0 à l’issue des prolongations. 4-2 aux penaltys. C’est donc l’équipe la plus forte de la compétition (sur le papier) qui l’a emporté, contre la sélection la plus compliquée à manœuvrer – la championne de ce faux rythme, celle qui, jusque-là, berçait le mieux et plus efficacement.

L’affaire aurait pu se régler à la 6e minute. Penalty, pour le Sénégal, qui avait échoué en finale face à l’Algérie il y a deux ans. Petite pause avant le tir, un joueur est à terre. Ça boit, marche et papote. Mohamed Salah et Sadio Mané, coéquipiers à Liverpool, parmi les meilleurs attaquants du monde et rivaux de finale, ont alors offert une sucrerie aux caméras. Le premier chuchote un truc à Gabaski, son gardien. Il connaît le second, qui est le tireur : il a un tuyau, sûrement. Mané s’en mêle et, taquin, montre du doigt où il compte tirer. Mané frappe (à l’opposé de ce qu’il a indiqué) et Mané rate (Gabaski est injouable à ce jeu-là). Le match s’est alors liquéfié. Le Sénégal, plus frais, a été le plus offensif et audacieux. L’Egypte, semi-carbonisée, a été la plus ordonnée. Son plan est limpide : la berceuse, et les tentatives de trouver Mohamed Salah devant – le potentiel futur Ballon d’or.

Une CAN entre petit et gros bordel

Elle avait sorti les gros poissons pour en arriver là. Dans l’ordre : Côte d’Ivoire, Maroc et Cameroun, le pays organisateur. A chaque fois, des prolongations (soit 120 minutes) et des batailles à suer un océan. Le Sénégal, lui, a eu la vie moelleuse. Son premier vrai choc ? La finale, face aux Pharaons, nation la plus titrée du continent – 7 sacres. Dimanche soir, ils ont touché du doigt le huitième. Après tout, ils avaient l’ascendant une fois parvenu aux tirs au but (un record, une aisance assez folle à 6,50 mètres) et leur gardien, Gabaski – Mohamed Abou Gabal de son vrai nom. Il est la belle histoire. Remplaçant dans son club à Zamalek (club cairote) et en sélection, il fut, à partir des huitièmes et la blessure du titulaire, héros aux mains solides : 4 penalties stoppés au total. Le papier a définitivement parlé et c’est l’un des tout meilleurs portiers du monde qui lui pique la vedette : Edouard Mendy, champion d’Europe avec Chelsea, a arrêté le tir qu’il fallait.

Le Sénégal, souvent critiqué pour son jeu minimaliste, s’est délesté d’un poids immense : celui de venir souvent armé jusqu’aux dents et rentrer sans gros gibier, à savoir le trophée. Cette Coupe d’Afrique fut étrange, entre Covid et pelouses bousillées, entre petit et gros bordel. Médaille d’or pour les Comores : les insulaires, novices à la CAN, ont ainsi joué leur huitième de finale contre le Cameroun sans gardien de but de métier (un défenseur a donc mis les gants) à cause d’un imbroglio médical (le titulaire aux cages était rétabli du Covid, mais son autorisation pour y revenir a tardé à être validée par les instances). Le Sénégal et l’Egypte, eux, se retrouvent fin mars pour une finale en aller-retour. Ils s’affrontent en barrages pour une qualification à la Coupe du monde au Qatar. C’est décisif, certes. Mais est-ce que cela vaut une première victoire en Coupe d’Afrique ?