La commission de discipline de la LFP a sifflé la fin de la récréation. Elle a sanctionné lourdement mercredi 5 mars au soir l’entraîneur de Lyon Paulo Fonseca, privé de banc de touche et de vestiaire d’arbitre pendant neuf mois, jusqu’au 30 novembre, pour avoir menacé dimanche tête contre tête l’arbitre du match de Ligue 1 OL-Brest (2-1). Le technicien portugais est même suspendu d’accès à son propre vestiaire jusqu’au 15 septembre, a précisé Sébastien Deneux, le président de cette commission, entravant très fortement sa fonction d’entraîneur.

«En se projetant vers l’arbitre» Benoît Millot, «en lui hurlant dessus», Paulo Fonseca a eu «une attitude et un comportement intimidant et menaçant», a justifié Sébastien Deneux, devant le siège de la Ligue de football professionnel à Paris où se réunit la commission qu’il préside. Il a critiqué «un agissement fautif grave».

Les faits sont survenus durant les arrêts de jeu de la rencontre Lyon-Brest au Groupama Stadium comptant pour la 24e journée de Ligue 1. L’OL menait 2-1 quand l’arbitrage vidéo a été sollicité sur une action litigieuse dans la surface de réparation lyonnaise. Très agité en bord de terrain, Fonseca a été exclu par l’arbitre Benoît Millot. Le technicien portugais a alors couru vers l’arbitre, jusqu’à arriver presque front contre front avec un léger contact, en lui hurlant dessus avant d’être retenu par son joueur Corentin Tolisso puis par les membres de son staff.

Le barème de la LFP évoque jusqu’à sept mois de suspension. La suspension de Paulo Fonseca va durer neuf mois, soit plus que ce qui est prévu par le règlement de la Fédération française de football. Mais «elle couvre une période de compétition effective» sans prendre en compte l’intersaison - juillet et août - a précisé le président de la commission, ajoutant que la durée de suspension décidée «est un petit peu inférieure d’ailleurs au barème disciplinaire».

Le coach portugais avait fait amende honorable après la partie. «Je voulais m’excuser pour ce geste. Je ne devais pas faire comme ça. C’est la vérité», avait-il déclaré. Le syndicat des arbitres du football d’élite s’était de son côté insurgé contre «un acte de brutalité», appelant à des sanctions «à la hauteur de cet acte d’une gravité extrême».

Benoît Millot avait, lui, dénoncé «l’intimidation physique» de Fonseca dans une interview publiée sur le site du journal l’Equipe. «Il a cette attitude encore plus impressionnante de tenter de donner un coup, en fait. Un coup de tête. Je reste stoïque, un peu par l’effet de surprise, mais quelque part surtout pour ne pas reculer devant cette intimidation», explique l’arbitre au quotidien sportif. Benoît Millot avait souligné également le risque «qu’il y ait un mimétisme le week-end suivant sur les terrains». «Si un grand entraîneur se comporte comme ça, dans le football amateur on va se dire : ‘‘Moi aussi je peux le faire’’.»

En toute fin de soirée, l’OL a pris acte dans un communiqué de «l’extrême sévérité de la sanction, sans précédent, et d’une célérité inhabituelle». Lyon «déplore que son entraîneur n’ait pas été jugé sur ses seuls actes, une réaction émotionnelle, sans intention manifeste de s’en prendre physiquement à l’arbitre» et a annoncé son intention d’étudier «toutes les solutions possibles de recours». Le club regrette par ailleurs que la sanction «semble être dictée par un contexte délétère touchant l’arbitrage français».

Cet incident intervient dans un contexte très tendu autour du corps arbitral depuis les déclarations chocs du président de l’OM Pablo Longoria. Le dirigeant marseillais, furieux de l’arbitrage, avait parlé de «corruption» après la défaite de son équipe à Auxerre la semaine dernière (3-0). Il a été suspendu quinze matchs par la commission de discipline de la LFP. Les propos de Pablo Longoria ont suscité une levée de boucliers et ont été dénoncés notamment par la ministre des sports, Marie Barsacq, le président de la Fédération française de football, Philippe Diallo, et le directeur de l’arbitrage, Antony Gautier.

Mise à jour : ce mercredi 6 mars à 8h41, avec l’ajout de la sanction décidée par la LFP à l’encontre de Paulo Fonseca.