Ce n’est pas la meilleure des préparations en vue de l’objectif ultime des JO de Paris dans cinq mois. Toujours en quête d’un premier sacre majeur, l’équipe de France féminine a subi la loi des championnes du monde espagnoles mercredi à Séville en finale de la Ligue des nations (2-0). Après une victoire solide face à l’Allemagne en demi-finale (2-1), les Bleues, qui disputaient leur première finale d’une compétition internationale, sont à nouveau tombées sur plus fortes qu’elles.
Comme contre l’Australie en quarts de finale du Mondial 2023, ou dans le passé face aux Etats-Unis, les joueuses d’Hervé Renard n’ont pu que constater qu’une classe d’écart les séparait encore des très grandes nations.
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Car l’Espagne, première équipe au classement FIFA, en est bien une. D’autant plus grâce à ce premier titre en Ligue des nations, synonyme d’un doublé inédit six mois après son sacre mondial à Sydney devant l’Angleterre, dont la fête avait été gâchée par le baiser forcé de l’ex-président de la Fédération espagnole Luis Rubiales sur Jenni Hermoso, qui avait provoqué une vague d’indignation internationale.
Totalement dominées techniquement et physiquement, accumulant de grosses fautes techniques, les Bleues n’ont tout simplement pas existé dans la rencontre, dépassées dans tous les secteurs, même sur les coups de pieds arrêtés, un de leurs points forts habituels grâce à Selma Bacha, passée à côté de sa finale. Elles n’ont rien pu faire à part tenter de résister aux attaques placées ibériques, sans parvenir à cadrer le moindre tir de la rencontre.
«J’ai vu une équipe se retrouver de nombreuses fois en difficulté, avec beaucoup trop d’erreurs techniques, dues à la pression très importante mise par cette équipe d’Espagne», a admis après le match Hervé Renard. «On a eu du déchet dans notre jeu. Elles nous ont fait courir et quand on a récupéré le ballon, on n’a pas fait les bons choix, on n’a pas eu le bon geste pour pouvoir avancer sur le terrain», a abondé Eugénie Le Sommer, l’attaquante la plus en vue, surtout par rapport à Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, totalement transparentes.
Du pain sur la planche de Renard
La défense a craqué à la demi-heure de jeu. La Ballon d’Or Aitana Bonmati a fait ce qu’on attend des grandes joueuses dans les grands rendez-vous : être là au bon endroit au bon moment pour ouvrir la marque à la (33e minute. Logiquement menée à la pause, l’équipe de France, frustrée et sans solution à l’image de la capitaine Eugénie Le Sommer, est rentrée tête basse aux vestiaires sans aucun tir tenté.
Récit
Le réveil français n’a pas eu lieu, et la partie s’est terminée sous les «olé» du public andalou, qui a exulté au coup de sifflet final, prêt à célébrer une deuxième fois ses championnes. Cette victoire dans une compétition mineure est néanmoins une revanche colossale pour les joueuses de la Roja après des semaines de bras de fer contre les responsables du football espagnol, et des années de lutte pour plus de reconnaissance de leur sport.
Le match n’est toujours pas gagné et les tribunes encore loin d’être aussi remplies que pour leurs homologues masculins, malgré une belle affluence pour un match féminin avec 32 657 spectateurs, dans un stade olympique de la Cartuja qui peut en accueillir 57 000. Mais Jenni Hermoso et ses coéquipières ont démontré, comme le souhaitait l’attaquante des Tigres en conférence de presse, qu’elles étaient «des championnes dans tous les sens du terme».
L’inatteignable quête olympique ?
Pour les Bleues, le chemin jusqu’à l’or olympique n’a jamais paru aussi lointain. Certes, elles ont réussi à hausser leur niveau de jeu contre l’Allemagne mais leur déroute de mercredi soir laisse penser qu’elles n’ont pas vraiment progressé depuis le quart de finale perdu cet été à la Coupe du monde contre l’Australie.
Le chantier s’annonce dense pour Hervé Renard en vue des JO, tant les neuf autres équipes déjà qualifiées ont un niveau similaire voire supérieur à celui des Bleues : Etats-Unis, Brésil, Colombie, Canada, Australie, Allemagne, Japon, Nouvelle-Zélande. Avec une liste de 18 joueuses, le sélectionneur va devoir trouver des solutions, notamment devant. Les Bleues ont trop peu marqué (9 buts) durant la compétition, peu portées par des attaquantes trop discrètes et la connexion entre Diani-Katoto-Le Sommer n’a pas fonctionné, alors que ce trio semblait compétitif sur le papier. «Cet été, c’est encore loin, ce match fait partie d’une préparation pour les JO», a espéré Eugénie Le Sommer, promue capitaine en l’absence de Wendie Renard, avant d’ajouter : «Il faut regarder devant (car) cette équipe a encore de belles choses à vivre.»
Mis à jour : à 15 h 45 avec les déclarations des joueuses.