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Libération
Chronique «Sociosports»

Football allemand : la Mannschaft, reflet d’une cohésion nationale réussie ?

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Coupe du Monde de football 2014 au Brésildossier
Depuis les années 2000, une génération «multikulti» a permis de faire revenir l’Allemagne au sommet du football dans les années 2010. Mais les polémiques se sont accumulées récemment, comme lors du Mondial de 2018 avec les joueurs d’origine turque Özil et Gündogan, illustrant une certaine méfiance entre la majorité allemande et la minorité turque.
Les joueurs allemands en file indienne : Mats Hummels, Kevin Volland, Florian Neuhaus, Robin Gosens et Emre Can. (Federico Gambarini/picture alliance/dpa)
publié le 15 juin 2021 à 12h19

Leroy Sané, Antonio Rüdiger, Emre Can ou encore le jeune Jamal Musiala sont autant de visages issus de la diversité allemande. A l’instar de l’équipe de France qu’elle affronte lors de cette première journée de l’Euro, la Mannschaft se présente comme le symbole de la diversité et la cohésion nationale du pays, de par les origines migratoires des joueurs qui la composent. Et si les évènements sportifs créent de la mémoire collective, essentielle au maintien du lien social au sein d’une population, cette équipe d’Allemagne porte en elle une dimension sociale et politique significative. Dès lors, à quelle réalité sociale renvoie-t-elle ?

Durant de nombreuses années, l’Allemagne s’est avant tout pensée comme une société d’émigration plutôt que d’immigration, d’après le sociologue Pierre Weiss, auteur de nombreux travaux sociologiques sur le football allemand. De ce fait, les principaux joueurs extraterritoriaux venant composer cette équipe étaient issus des communautés allemandes de Pologne et de l’ancienne Prusse orientale. Cette particularité participant à l’essentialisation du style allemand, en faisant du football, selon l’historien Wolfram Pyta, «le miroir des stéréotypes nationaux». Dans les années 70-80, l’Allemagne en pleine mutation économique devient une terre d’immigration, où s’installent des travailleur