Leroy Sané, Antonio Rüdiger, Emre Can ou encore le jeune Jamal Musiala sont autant de visages issus de la diversité allemande. A l’instar de l’équipe de France qu’elle affronte lors de cette première journée de l’Euro, la Mannschaft se présente comme le symbole de la diversité et la cohésion nationale du pays, de par les origines migratoires des joueurs qui la composent. Et si les évènements sportifs créent de la mémoire collective, essentielle au maintien du lien social au sein d’une population, cette équipe d’Allemagne porte en elle une dimension sociale et politique significative. Dès lors, à quelle réalité sociale renvoie-t-elle ?
Durant de nombreuses années, l’Allemagne s’est avant tout pensée comme une société d’émigration plutôt que d’immigration, d’après le sociologue Pierre Weiss, auteur de nombreux travaux sociologiques sur le football allemand. De ce fait, les principaux joueurs extraterritoriaux venant composer cette équipe étaient issus des communautés allemandes de Pologne et de l’ancienne Prusse orientale. Cette particularité participant à l’essentialisation du style allemand, en faisant du football, selon l’historien Wolfram Pyta, «le miroir des stéréotypes nationaux». Dans les années 70-80, l’Allemagne en pleine mutation économique devient une terre d’immigration, où s’installent des travailleur