Vive polémique en Allemagne, pays hôte de l’Euro 2024, à deux semaines de l’ouverture de la compétition (14 juin - 14 juillet). Dans un documentaire sur l’équipe nationale dont la diffusion est prévue le 5 juin, la chaîne de télé publique ARD a sondé un panel de 1300 allemands en posant cette question : «Faut-il plus de joueurs blancs en sélection allemande ?». La Mannschaft et ses joueurs ont réagi lundi lors d’une conférence de presse à Nuremberg : «Je pense que c’est absolument raciste et que ça n’a pas sa place ici», a notamment appuyé, écœuré, le joueur du Bayern Munich et ponctuel capitaine de la sélection nationale, Joshua Kimmich.

Selon cette enquête, plus d’un Allemand sur cinq (21 %) considère qu’il faudrait davantage de joueurs blancs dans l’effectif de la Mannschaft. De la même manière, 17 % des sondés estiment qu’un joueur d’origine étrangère ne devrait pas porter le brassard de capitaine - l’actuel capitaine, Ilkay Gündogan, est d’origine turque.

«Tous ceux qui ont grandi autour du football savent que c’est un non-sens absolu. Le football est un bon exemple de la façon dont on peut unir différentes nations, couleurs de peau et religions. Et c’est exactement ce dont il s’agit pour nous. Beaucoup de mes coéquipiers me manqueraient beaucoup s’ils n’étaient pas là», a réagi Joshua Kimmich. Et d’ajouter : «Nous sommes sur le point d’avoir un Championnat d’Europe à domicile, alors je trouve absurde de poser une telle question. Parce que pour nous, il s’agit d’unir un pays».

«J’ai le sentiment que nous devons nous réveiller un peu», a de son côté exprimé le sélectionneur allemand Julien Nagelsmann, indiquant par ailleurs ne plus jamais vouloir lire d’enquête d’opinion aussi «merdique».

Dans un communiqué, la chaîne de télé a tenu à justifier la publication des résultats de ce sondage, comme l’indique Le Parisien. «Nous sommes nous-mêmes consternés par ces résultats mais ils sont aussi l’expression de la situation sociale en Allemagne. Le sport joue un rôle important dans notre société et l’équipe nationale est un modèle fort d’intégration», fait-elle savoir.

La sélection nationale allemande n’est pas à sa première polémique en vue de l’Euro. Fin mars, le design des chiffres de ses nouveaux maillots mettait le pays en ébullition. Plusieurs voix pointaient la ressemblance du numéro «44» avec le symbole de la SS, la Schutzstaffel, l’organisation nazie en charge notamment de la Shoah. La possibilité de personnaliser le maillot national avec ce numéro a été désactivée quelques jours plus tard par Adidas.

La marque à trois bandes qui ne sera d’ailleurs plus l’équipementier de la Mannschaft à partir de 2027, créant un véritable séisme en Allemagne. La fédération de foot a déclenché une polémique outre-Rhin en annonçant avoir choisi Nike pour succéder à son partenaire depuis 70 ans fin mars.