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Disparition

Mort de Franz Beckenbauer, la parole est à la défense

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Libéro intraitable et élégant, légende du Bayern Munich et de la sélection allemande qui survola les années 70, le double champion du monde, comme joueur en 1974 et comme entraîneur en 1990, est mort dimanche à 78 ans.
Franz Beckenbauer le 1er avril 2019. (Ina Fassbender/dpa Picture-Alliance. AFP)
publié le 8 janvier 2024 à 17h30

Affaibli par plusieurs opérations du cœur et donné gravement malade depuis des mois, Franz Beckenbauer est mort dimanche à 78 ans et c’est une certaine idée de sa propre grandeur qui a déserté l’Allemagne, un trou béant dont il n’est pas interdit de penser qu’il est désormais impossible à combler. La conjonction d’un caractère, d’un talent d’autant plus éblouissant qu’il apparaissait contradictoire avec l’essence même du football allemand (ou sa prétendue essence : la dureté, y compris envers soi-même). Et à rebours des circonstances : un pays en ruine qui grandit dans le silence coupable de la génération de ses parents, expiant les crimes nazis.

Et une image sainte qui les vaut toutes : un grand type élégant le bras en écharpe, l’épaule en vrac, qui traverse le 17 juin 1970 face à l’Italie une demi-finale mondiale avec un détachement à la fois souverain et contraint (comment pourrait-il courir ?), semblant promener un animal de compagnie alors que la fureur emporte tout. La Squadra Azzurra battra la République fédérale allemande après prolongations et un match de légende (4-3) et y gagnera le privilège d’aller se faire tartiner quelques jours plus tard par le Brésil de Pelé dans la clarté aveuglante du soleil mexicain.

Franz Beckenbauer a grandi dans l’ombre, sur les brisées du désastre. Né le 11 septembre 1945 dans un Munich dévasté par les bombardements alliés, il naît au football seul, en tapant le ballon contre un mur, dans l’indifférence d’un père employé des Postes qui