Kylian Mbappé placé dans un loft : story immédiate, choux gras de la presse sportive. La mise au ban de l’attaquant par le Paris-Saint-Germain a duré deux mois cet été, dans un contexte de renouvellement, ou pas, de son contrat le liant avec le club de la capitale. Tous les joueurs ne bénéficient pas de la même caisse de résonance que le Français, et de sa force de frappe (marketing, décisionnelle…). Voilà donc l’Union nationale des footballeurs et footballeuses professionnels (UNFP), principal syndicat des joueurs français, qui porte plainte contre X ce mardi 16 janvier à Paris pour dénoncer les faits de harcèlement moral et d’extorsion des clubs qui mettent délibérément à l’écart certains joueurs dans ces «lofts».
Qu’est-ce que ces «lofts» ?
En période de transfert, certains clubs placent les joueurs dont ils veulent se séparer dans une réserve dite «loft», sorte de mise au placard adaptée au gazon : plus d’entraînements avec le groupe professionnel, plus de déplacement ni de match… Le club «empêche» le joueur d’exercer «son activité professionnelle dans des conditions normales», et ce joueur ne peut donc plus «envisager d’exécuter son contrat jusqu’à son terme», résume la plainte. Le footballeur qui veut revenir dans la compétition va donc quitter le club ou, à l’inverse, prolonger son contrat.
Sur quoi porte la plainte ?
L’UNFP estime que ces clubs imposent à des joueurs «un isolement brutal et des pressions multiples» pour les pousser à prolonger leur contrat ou au contraire à accepter un transfert – une façon de se séparer d’eux en s’assurant de toucher des indemnités.
Elles constituent «des infractions pénales», estiment les avocats de l’UNFP, Julia Minkowski et Léon del Forno, dans un communiqué. Exercer «une contrainte morale» pour amener une personne «à consentir à signer un contrat ou à le résilier constitue le délit d’extorsion», ont-ils détaillé. «Les agissements répétés d’un employeur» qui résultent en une «une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits du salarié ou de compromettre son avenir professionnel» relèvent du harcèlement.
Le syndicat accuse notamment la fédération internationale de participer à cette «extorsion» en imposant «un cadre» qui place le club employeur «en position dominante». Un joueur est lié à son club par un contrat à durée déterminée. S’il est transféré avant son terme, le club touche des indemnités de rupture du nouveau club du joueur, ce qui n’est pas le cas si le joueur a achevé son contrat avant de changer.
Y a-t-il beaucoup de cas ?
Oui, estime l’UNFP. Ces pratiques sont même «très largement répandues». Et l’UNFP d’appuyer sa plainte d’une liste d’une cinquantaine de joueurs placés en loft mais qui n’ont pas été associés à la préparation de cette plainte.
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Parmi eux, Kylian Mbappé au Paris Saint-Germain (PSG), donc, le champion du monde n’ayant pas disputé le moindre match avec son club du 19 juin au 19 août 2023. «Rares» toutefois sont les joueurs qui ont attaqué leurs clubs par crainte «de représailles», déplore le syndicat. Parmi ces exceptions figure l’ancien gardien international Stéphane Ruffier. Hasard du calendrier : ce dernier a obtenu lundi la condamnation de l’AS Saint-Etienne, qui doit lui verser 850 000 euros de dédommagements.