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Seumontada

France-Belgique : revenus du diable vauvert, les Bleus renversent les diables rouges

Menés de deux buts à la pause, les hommes de Didier Deschamps ont marqué à trois reprises en seconde période, par Benzema, Mbappé et Hernandez, empochant leur ticket pour la finale de la toute récente Ligue des nations, dimanche face à l’Espagne.
Kylian Mbappé a bien mérité un bisou de Lucas Hernandez : royale en deuxième période, la France a de nouveau renversé la Belgique. (LAURENCE GRIFFITHS/Getty Images via AFP)
publié le 7 octobre 2021 à 23h17

Pour tout dire, on va finir par croire que, jamais, la Belgique ne battra l’équipe de France. Malgré deux buts de retard à la mi-temps, absents des débats, Paul Pogba & co ont retourné l’affaire en deux ou trois coups de louche, un zeste d’arbitrage vidéo, la classe invraisemblable d’un Kylian Mbappé qui a mangé cette rencontre toute crue et un «frère de» (Théo Hernandez) qui marque pour sa première sélection. A Turin, les Bleus ont battu la formation belge (3-2) en demi-finale de la Ligue des nations et ils rencontreront dimanche en finale, à Milan, la sélection espagnole, victorieuse la veille (2-1) des champions d’Europe italiens. Si la partie de dimanche ressemble à celle de jeudi, il faudra avoir l’œil collé au poste.

C’est un match qu’il a fallu laisser retomber pour qu’on y voie plus clair, parce que les joueurs des deux côtés avaient décidé d’en faire quelque chose et qu’à ce niveau de qualité individuelle (Kevin De Bruyne ou Romelu Lukaku côté belge, Kylian Mbappé ou Lucas Hernandez chez les tricolores), du coup, les coups joués par les deux équipes étaient également plaisants et rythmés. Drôle de compétition que cette Ligue des nations, construite sur les cendres de matchs amicaux qui emmerdaient tout le monde parce que les joueurs (usés par leur vie en club) les escamotaient : suffisamment mobilisatrice pour que ces messieurs s’y mettent, pas assez quand même pour que l’on y respire l’intensité des phases finales de grandes compétitions.

Les Bleus laissent leurs fantômes au vestiaire

Subsiste quelque chose de sympa, de délié, à l’arrière-goût d’entre-soi respectueux parce qu’une majorité des joueurs des deux camps évoluent ensemble dans les plus grands clubs d’Europe quand ils ne font pas vivre leur sélection nationale. Quand cette fumée-là s’est dissipée passé les vingt minutes initiales, les Belges ont mis le pied sur le ballon. Sans se presser, en attendant l’erreur tricolore plutôt qu’en secouant le culbuto. Et là, les Bleus ont disparu. Puisque les Diables jouaient sur l’erreur, c’est Benjamin Pavard (comme souvent) qui a craqué le premier, reculant sans fin devant Yannick Carrasco jusqu’à ce que le Madrilène ne trompe le gardien des Bleus Hugo Lloris côté fermé, un Lloris bien statique d’ailleurs (1-0, 37e).

Puis, Lukaku désintégra Lucas Hernandez d’une feinte de corps sur un ballon en profondeur de De Bruyne avant d’ajuster Lloris dans un angle fermé côté droit, ce qui pose encore la question de la responsabilité du capitaine des champions du monde en titre (2-0, 41e). Ce sont les Bleus qui sont revenus des vestiaires et non leurs fantômes de la fin de la première période, à moins que ces fantômes aient été réveillés par Mbappé, électrique sur chaque prise de balle, provoquant, rapetissant chaque adversaire qu’il croisait.

Désertion belge

Deux éclairs de l’attaquant parisien (56e, 62e) vont retourner la défense belge et sur le second, Benzema trouve le moyen de s’arranger de quatre (!) défenseurs collés à son short pour ramener les tricolores dans le match (2-1, 62e). La dynamique a changé. Les Belges ne ressortent plus un ballon, comme s’ils avaient un temps pensé le match plié en abandonnant le combat : un penalty généreux – la VAR a été utilisée, on cherche encore «l’erreur manifeste» qui justifie son recours dans les règlements – obtenu par un Antoine Griezmann filou en diable permet à Mbappé de conjurer son échec de l’Euro en remettant les Bleus à hauteur (2-2, 69e). On peut voir la bonne fortune arbitrale tricolore, ou au contraire le sens d’un match que les Belges ont déserté.

On en vient alors à se demander quel joueur français va envoyer les hommes entraînés par «Tata» Martinez dans le ravin. On pense d’abord à Mbappé, irrésistible. Puis à Griezmann, pour sa science balistique, avant de voir Paul Pogba écraser un coup franc sur la barre (89e). Hé bien c’est Théo Hernandez, le frère de Lucas, dernier arrivé en équipe de France puisqu’il a été appelé par le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps voilà dix jours, qui expédie une praline du gauche hors de portée du gardien belge (3-2, 91e) et les Bleus en finale dimanche à Milan contre la Roja espagnole. Au supplice tout le match, c’est Pavard qui lui a refilé ce ballon-là, validant le 3-4-3 bizarre de Deschamps puisque les deux joueurs de côté ont mis un terme à la partie. En jouant une mi-temps, les Bleus ont renversé l’éternel premier au classement Fifa (ça dure depuis trois ans et demi), une Belgique nantie en plus de deux buts d’avance. Il fallait quand même le faire.