La scène remonte à un mois : une radieuse après-midi de printemps à Clairefontaine, les Bleus à l’entraînement à quelques semaines de leur entrée dans l’Euro et le reporter en claquettes qui traîne là sans autre but que de prendre le soleil et l’air du temps, aussi détendu que la joyeuse troupe – n’était Antoine Griezmann, un peu forcé – qu’il a sous le nez. L’exercice porte alors sur les coups de pied arrêtés défensifs. Le sélectionneur tricolore, Didier Deschamps, arrête Ousmane Dembélé qui s’engage pour frapper un corner : au jugé et à la sensation, il compte un homme de trop pour défendre.
Les joueurs se regardent sans comprendre. Il faut compter. Et là, Deschamps tombe juste : «J’ai dû me tromper les gars», et Dembélé s’exécute enfin. Depuis le haut de la tribune du stade Pierre-Pibarot, deux journalistes partagent un sourire : non, Deschamps avait bel et bien vu juste. Et le coupable était comme souvent un petit bonhomme de 1,68 m, qui a subrepticement reculé de deux pas juste avant le compte du sélectionneur pour rétablir le rapport de force souhaité : le milieu N’Golo Kanté, qui filoute un peu sur les bords aux entraînements comme il triche aux cartes le soir, montrant dans ses dénégations un (mauvais) caractère qui augmente encore la popularité – sur le mode «il cache bien son jeu» – du tout récen