L’un des entraîneurs de football les plus connus du monde risque la prison pour fraude fiscale. En Espagne, le parquet a requis ce jeudi 3 avril contre Carlo Ancelotti, l’entraîneur du Real Madrid, quatre ans et neuf mois de prison, au terme d’un procès qualifié d’«humiliation publique» par l’avocat de l’intéressé.
Le ministère public, qui fait connaître en Espagne ses réquisitions avant l’ouverture du procès et les confirme ou non lors de l’audience, a maintenu sa demande de peine d’emprisonnement à l’encontre du coach italien de 65 ans, accusé d’avoir fraudé plus d’un million d’euros au Trésor public lors de son premier passage à Madrid (2013-2015). «Nous considérons que les faits de fraude, de dissimulation et d’omission sont avérés», a déclaré le procureur. Carlo Ancelotti «invoque une ignorance dont il peut difficilement se prévaloir», a estimé le magistrat.
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A l’audience, Carlos Zabala, l’avocat de Carlo Ancelotti, a assuré jeudi que le Real Madrid était à l’origine du «désordre contractuel» ayant engendré les problèmes de son client, en ayant voulu lui payer une partie de son salaire sous la forme de droits à l’image pour «bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse». «M. Ancelotti n’avait pas très bien compris ce qu’il était en train de signer», a assuré Zabala, plaidant la relaxe.
«Jamais envisagé de frauder»
Lors de son audition, mercredi, Carlo Ancelotti, revenu au Real Madrid en 2021, a déclaré n’avoir «jamais envisagé de frauder», assurant lui aussi que c’était le Real Madrid qui avait suggéré de lui régler une partie de ses 6 millions d’euros nets annuels de salaire sous la forme de droits à l’image. «Je ne me suis jamais rendu compte que quelque chose n’était pas correct» avant 2018, quand le parquet avait ouvert une enquête le visant, a encore affirmé l’Italien. «Tous les joueurs le font, Mourinho [son prédécesseur comme entraîneur, ndlr] avait fait ça aussi», a également déclaré le technicien.
José Mourinho avait justement été pour sa part condamné à un an de prison avec sursis et à une amende de près de 2 millions d’euros après avoir plaidé coupable en 2019 de fraude fiscale, pour avoir caché au fisc espagnol des revenus tirés de l’exploitation de ses droits à l’image, via un montage de sociétés. Dans le cas de Carlo Ancelotti, le ministère public a évalué à 1,24 million d’euros en 2014 et 2,96 millions d’euros en 2015 les revenus que l’entraîneur avait tirés de la cession de ses droits à l’image, sur lesquels porte le litige.
Pour le parquet, les omissions de Carlo Ancelotti dans ses déclarations fiscales étaient volontaires car le technicien italien «a eu recours à un réseau «complexe» et «déroutant» de trusts et de sociétés écrans pour canaliser la perception des droits à l’image», avait-il assuré dans ses réquisitions. La décision du Tribunal supérieur de justice de Madrid devant lequel l’Italien comparaissait depuis mercredi a été mise en délibéré.
Outre José Mourinho et Carlo Ancelotti, de nombreuses autres célébrités, notamment du ballon rond, ont eu des démêlés ces dernières années avec le fisc espagnol, dont les superstars Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, ou encore la chanteuse colombienne Shakira.