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Libération
F.R.I.E.N.D.S

Gianni Infantino va s’entretenir avec Emmanuel Macron pour voler au secours de son ami Noël Le Graët

Le président de la Fifa doit rencontrer le chef de l’Etat ce mercredi et devrait plaider la cause de Noël Le Graët, mis en retrait de la FFF depuis le 11 janvier. Les deux hommes se connaissent et s’apprécient depuis de longues années.
Gianni Infantino en compagnie d'Emmanuel Macron, le 7 juin 2019 au Parc des Princes. (François-Xavier Marit/AFP)
publié le 15 février 2023 à 8h05

Les copains d’abord. Le président de la Fifa Gianni Infantino devrait être à Paris ce mercredi pour rencontrer Emmanuel Macron. Et ce, non pas pour discuter des résultats de l’équipe de France ou autres réjouissances du ballon rond avec le président de la République, mais bien pour évoquer le cas du président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, mis en retrait de la fédération depuis le 11 janvier. Selon des informations de France Info, Infantino voudrait ainsi plaider la cause de Le Graët et surtout «mettre en garde l’Etat français contre toute ingérence de sa part dans les affaires de la FFF». La Fifa proscrit en effet toute forme d’ingérence du politique dans les affaires de la fédération. Quitte à prendre des sanctions si elle le juge nécessaire. Dernièrement, des fédérations membres comme celles du Tchad et du Pakistan ont été exclues de certaines compétitions internationales en raison d’interventions étatiques.

Interrogée sur cette possibilité, la présidence a assuré que ce n’était pas la raison de la visite du patron de la Fifa. Mais si l’affaire est évoquée, Emmanuel Macron «rappellera qu’il est très attentif à l’indépendance du mouvement sportif, et qu’il n’entend pas s’interférer», a assuré son entourage. Officiellement, le président de la République doit évoquer les partenariats et le renforcement de la place de la Fifa en France.

Mais la date de cette rencontre ne semble pas totalement choisie au hasard, le 15 février étant – sauf report – le jour où doivent être rendues publiques les conclusions définitives de l’audit interne diligenté par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Une partie a d’ailleurs déjà fuité dans la presse. Le journal Ouest France vient par ailleurs de publier une dizaine de témoignages accablant un peu plus le président de la «3F» et sa directrice générale, Florence Hardouin. «Ce ne sont pas des comportements isolés. C’est une ambiance générale, décrit par exemple une ancienne salariée. Depuis de longues années, le harcèlement sexuel est culturel. Des hommes au comportement paternaliste, usant de propos très déplacés, se croient au-dessus de tout et se protègent entre eux. C’est le moule FFF. C’est un nid pourri.»

Big bisous au Roudourou

Mais alors, que viendrait faire Gianni Infantino dans ce bourbier ? Le puissant président helvéto-italien entretient des liens d’amitié forts avec Noël Le Graët, et ce depuis de longues années. Une scène avait d’ailleurs fait sourire en France l’an dernier : le président de la Fifa était présent dans les travées du Roudourou, le champêtre stade de Guingamp, pour assister à une rencontre de Ligue 2. L’En avant Guingamp, club dont Le Graët a assuré un temps la présidence, recevait alors le Toulouse Football Club, leader du championnat. Celui-ci répondait en fait à une invitation amicale de Le Graët. Un bon copain. Qui ne perd pas une occasion de vanter les mérites du président de la Fifa.

De réputation, Le Graët, membre du conseil de la Fifa depuis mars 2020, sert de passe-plats entre le patron du football mondial et son homologue à l’UEFA, Aleksander Ceferin. Le dirigeant breton n’a eu de cesse de soutenir les réformes ultralibérales de la Fifa, malgré des convictions qu’il place lui-même à gauche. La Coupe du monde tous les deux ans ? Pourquoi pas. Le Mondial au Qatar ? «Le fait de mélanger les peuples est une bonne chose», répondait Noël Le Graët, louant par ailleurs les «efforts» des Qatariens en termes de droits humains.

Et quand Gianni Infantino annonce briguer – seul – un troisième mandat à la présidence de la Fifa, Le Graët se dit «ravi». «Il a beaucoup travaillé. En plus, il s’installe à Paris. Donc il sera de temps en temps chez nous. Je suis très content qu’il se représente, c’est un bon président.» Un soutien indéfectible et un solide allié – à la tête d’une des fédérations les plus puissantes du football moderne – qu’Infantino serait bien tenté de garder à ses côtés ?