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Kylian Mbappé avant d’entamer l’Euro 2024 : «J’espère que je serai encore fier de porter ce maillot le 7 juillet»

Euro de Football 2024dossier
La veille, son coéquipier Marcus Thuram avait très clairement pris position contre le RN lors d’une conférence de presse. Ce dimanche, le capitaine des Bleus a longuement évoqué la situation politique française, renvoyant ceci dit dos à dos RN et LFI, mais insistant sur les valeurs de «mixité», de «tolérance» et de «respect» qui prévalent dans notre pays.
Kylian Mbappé à Düsseldorf, en Allemagne, ce 16 juin. (Frederic Scheidemann /UEFA via Getty Images)
publié le 16 juin 2024 à 18h34

«Un moment crucial de l’histoire de notre pays.» Très attendu à la veille de l’entrée des Bleus dans l’Euro allemand contre la sélection autrichienne et, surtout, au lendemain de l’appel de son coéquipier Marcus Thuram à faire barrage au Rassemblement national lors des prochaines législatives (30 juin puis 7 juillet), Kylian Mbappé a enfoncé le clou : «Notre pays vit une situation inédite. Les jeunes générations peuvent faire la différence. Les extrêmes sont aux portes du pouvoir. Mais on a besoin de s’identifier à notre pays, aux valeurs de mixité, de tolérance et de respect. Je partage les mêmes valeurs que Marcus. Il n’est pas allé trop loin : il a simplement donné son avis et je me range avec lui.»

Sur les questions des journalistes, pratiquement toutes consacrées à la situation politique : «Nous, joueurs, vous avons souvent reproché des choses, à tort ou à raison. Mais vous avez le sens des priorités. Le match contre l’Autriche est très important, mais moins que la situation politique de notre pays. On est des citoyens. Et réfléchir à ce qu’il se passe en France n’empêche pas d’être performant. On est des grands joueurs, on doit s’adapter. On a pensé à faire quelque chose à titre collectif [un communiqué commun entre joueurs, ndlr], pour protéger la compétition mais aussi les plus jeunes. C’est difficile pour eux, ils ne sont peut-être pas armés pour répondre à ces questions-là, ou ils sont hésitants sur la formulation… Ils peuvent donner l’impression de s’en foutre. Mais personne ne s’en fout. Donc, il faut qu’on trouve une position commune, d’équipe, pour protéger ces gars-là.»

«Il n’y a pas de différences entre les extrêmes»

Il lui fut ensuite demandé si Kylian Mbappé visait spécifiquement le Rassemblement national, ou s’il visait plus large. «Kylian Mbappé est contre les extrêmes, contre ceux qui divisent. Vous savez très bien que dans les campagnes, dans les banlieues, beaucoup de jeunes se disent que leur voix ne va rien changer. J’étais aussi comme ça à leur âge. Je n’ai pas envie de représenter un pays qui ne partage pas les valeurs de tolérance, de mixité et de respect. Et j’espère que je serai encore fier de porter ce maillot le 7 juillet. Il n’y a pas de différences entre les extrêmes, car ce sont des idées qui divisent. Moi, je suis pour les idées qui rassemblent.»

La veille, Marcus Thuram avait exclusivement ciblé le Rassemblement national : ne citant aucun parti nommément, Mbappé associe donc sans la moindre ambiguïté LFI dans son rejet. De passage devant les micros après son capitaine, le sélectionneur, Didier Deschamps, n’a pas eu la partie belle : mal à l’aise, se sentant parfois sur le gril, il a paru pressé d’en finir : «Ici, je suis sélectionneur. Le citoyen s’exprimera peut-être en privé après l’Euro.» Sur les prises de paroles des joueurs : «Les joueurs parlent de la situation politique au quotidien. Si j’allais leur dire quelque chose, ce serait déplacé. Et ce serait interprété comme une demande de censure de ma part. Ce sont des joueurs, des hommes et des citoyens français.»