Verra-t-on un jour Mbappé, Neymar et Messi fouler la pelouse du Stade de France sous le même maillot du club parisien ? C’est en tout cas la volonté du Paris Saint-Germain (PSG) qui va se porter candidat au rachat de la plus grande enceinte sportive de l’Hexagone, dont le prix est fixé à plus de 600 millions d’euros, affirme ce vendredi une source interne au club à l’AFP, précisant que le dossier n’a pas encore été déposé officiellement.
Actuellement, le Stade de France, construit pour accueillir la Coupe du monde 1998 à Saint-Denis, dans le nord de Paris, appartient à l’Etat et est géré par un consortium réunissant Vinci et Bouygues. Mais la concession de trente ans «arrive à terme en (juin) 2025», rappelait la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra dans un entretien au JDD publié le 5 mars. Après cette date, elle expliquait que le gouvernement ne souhaitait «fermer aucune porte», avec néanmoins «deux grandes options» qui se dégageraient : «une nouvelle concession ou une vente.»
L’Etat a publié le 7 mars les deux appels d’offres : l’un pour la cession, l’autre pour une nouvelle concession, avec date de remise des «plis» le 27 avril à midi, selon l’AFP. Les offres remises, tant pour la cession que pour une concession, seront étudiées en 2024, pour une attribution probable en 2025.
Le PSG à l’étroit au Parc des Princes
En France, depuis une décennie, quand on parle sport et gros sous, qui plus est en Île-de-France, le PSG n’est jamais bien loin. Racheté en 2011 par Qatar Sports Investments (QSI), fonds souverain du Qatar, le club a vécu bien des changements depuis et est rentré dans une nouvelle ère faite de strass et de paillettes - quand bien même le titre suprême, la Ligue des champions, lui échappe encore et toujours. Jusqu’à présent en revanche, le PSG était toujours resté fidèle à son Parc des Princes, enceinte de l’ouest de la capitale à la frontière entre Paris et Boulogne-Billancourt, dans lequel il évolue depuis les années 70.
Mais ces dernières années, la faute à la venue de star mondiales du ballon rond, le PSG est à l’étroit au Parc. Les 48 000 places s’arrachent à prix d’or, même pour des rencontres sans enjeu ou presque contre les plus mal classés de Ligue 1. A la mi-saison, le club affichait le meilleur taux de remplissage de la première division française : 99 %. Alors forcément, le Qatar rêve de pousser les murs et d’agrandir le Parc des Princes. Il serait prêt à engager un chantier chiffré à 500 millions d’euros. Problème : le stade, dans lequel QSI a déjà investi plus de 80 millions d’euros depuis son arrivée au club, appartient à la mairie de Paris. Et avec cette dernière, les négociations patinent depuis plusieurs années au sujet d’un rachat potentiel de l’enceinte.
Récit
En décembre, en pleine Coupe du monde, Nasser al-Khelaïfi, le président du PSG, passait de média en média (Marca, Bloomberg, l’Equipe) pour mettre un coup de pression sur la municipalité. Il y faisait part de son mécontentement sur la lenteur de négociations et mettait sur la table une sorte d’ultimatum : soit la mairie de Paris acceptait de lui vendre le Parc pour 40 millions d’euros, soit le PSG allait voir ailleurs.
«S’il y a un problème, on se parle en face»
Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo, lui répondait dans Le Parisien : «Le PSG propose 40 millions d’euros. C’est moins cher que [le joueur argentin Leandro] Paredes. […] Vous pensez vraiment que le Parc vaut moins que Paredes ?» Pour l’adjoint, le stade vaudrait autour de 350 millions d’euros. Cette sortie avait déclenché la fureur de Nasser al-Khelaïfi dans l’Equipe : «Lui, il parle trop. En face de nous, il nous dit quelque chose, et dans le journal sa version est différente. […] S’il y a un problème, on se parle en face.» Mi-janvier, Anne Hidalgo en personne avait clos les débats, jurant toujours dans Le Parisien que le stade n’était «pas à vendre» et qu’il «ne sera pas vendu. C’est une position ferme et définitive».
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Comme promis, le PSG regarde désormais ailleurs et serait prêt à migrer au nord de Paris pour assouvir ses désirs de grandeur. Habitué à recevoir - pas toujours avec succès - des grands événements sportifs, le Stade de France et ses 80 000 places est donc une option qui va dans la lignée des ambitions du club. Interrogée sur un potentiel rachat du PSG, Amélie Oudéa-Castéra n’excluait pas cette possibilité : «On ne s’interdit rien. Le passé de cette concession a montré qu’il était évidemment plus aisé d’équilibrer le modèle avec un club résident. Il a aussi été prouvé qu’il y avait un modèle viable sans. Cette possibilité pourra donc être étudiée, mais parmi d’autres.»
La ministre précisait cependant que le potentiel futur propriétaire, que ce soit le PSG ou quelqu’un d’autre (la FIFA serait notamment sur le coup), devra toujours y laisser une place importante aux «grandes fédérations» : les Bleus du foot et du rugby y ont notamment leurs habitudes.