Le communiqué est laconique. En quatre lignes, l’Angers SCO annonce ce mercredi la démission de son président, Saïd Chabane, en poste depuis 2011. La joie des fans, qui souhaitaient voir partir de longue date ce patron d’une entreprise d’agroalimentaire, propriétaire du club à 99 %, n’aura cependant été que de courte durée : avant de «prendre de la hauteur», Saïd Chabane a légué sa présidence à Romain Chabane, son propre fils.
«Il met son fils comme ça il pourra diriger le club dans l’ombre. Donc aucun changement au SCO. On change pas une équipe qui perd. Dommage pour le club et l’image de la ville», se désole un supporter sur les réseaux sociaux. Romain Chabane sera épaulé d’un président délégué, Teddy Kefalas, qui aura «en charge les aspects opérationnels» à partir du 1er avril, complète le SCO dans son communiqué.
Depuis plusieurs mois, la démission de Saïd Chabane semblait inévitable. Beaucoup s’étonnaient d’ailleurs qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt. Début mars, les Ultras du Kop de la Butte 1992 dénonçaient dans un communiqué un président qui «s’est enfermé dans son rôle de président autoritaire, licenciant le personnel en désaccord avec ses méthodes et plaçant des personnages aussi insupportables qu’incompétents à des postes clés, pourvu qu’ils lui soient aveuglément fidèles».
Convoqué devant le tribunal correctionnel en juin
Outre les résultats sportifs catastrophiques du club - Angers est bon dernier de Ligue 1 et n’a plus gagné un match en championnat depuis septembre -, son patron a été mis en examen en février 2020 pour agressions sexuelles. Mi-décembre dernier, le procureur de la République d’Angers, Eric Bouillard, annonçait par ailleurs le renvoi devant un tribunal correctionnel de Saïd Chabane le 14 juin.
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Au total, six femmes ont été identifiées comme ses victimes potentielles. Agées de 25 à 30 ans, elles ont toutes témoigné de faits similaires, qui se seraient produits entre 2014 et novembre 2019. Des tentatives de les embrasser et des attouchements sur les fesses et la poitrine. Les victimes étaient toutes salariées de l’entreprise dirigée par Saïd Chabane et décrivent un patron qui usait de son pouvoir pour faire pression sur les victimes.
«Quatre femmes travaillant ou ayant travaillé au club de football d’Angers étaient identifiées comme potentielles victimes, expliquait en décembre le procureur de la République. Deux autres plaignantes, ex-salariées du groupe Cosnelle, dirigé par le mis en examen, ont été identifiées lors de l’information judiciaire.» Saïd Chabane nie pour sa part les faits qui lui sont reprochés.