Battu à l’aller au Parc (2-3) d’un match qu’ils auraient tout aussi pu gagner, les Parisiens ont rincé le FC Barcelone mardi à Montjuïc dans des proportions bibliques, ce que le score (1-4) n’indique même pas. Les faits de match, à commencer par l’expulsion du défenseur catalan Ronald Araujo au bout d’une demi-heure, auront servi les Parisiens. Mais, d’une part, ils traduisent le fait que le Barça a été constamment à la limite. Et, d’autre part, le Paris-SG aura dominé ce quart de finale retour de la première à la dernière minute.
Les Parisiens ont commencé le match en installant leur camp de base dans la moitié de terrain espagnole avec l’aimable complicité des Blaugrana, qui disposent ainsi d’espace dans le dos de Nuno Mendes et consorts. Et pourtant, le Barça va se porter aux commandes sur une attaque placée, soit un oubli monumental de l’organisation défensive parisienne : le Barcelonais Lamine Yamal a le bonheur de se retrouver seul face à Nuno Mendes côté droit, le jeune (16 ans) ailier hypnotise le défenseur parisien sur quelques appuis et trouve Raphinha au premier poteau (1-0, 12e). Un bon quart d’heure plus tard, Ronald Araujo bouscule Bradley Barcola lancé plein gaz vers le but catalan : rouge pour l’Uruguayen (30e), une heure en infériorité numérique en perspective pour les champions d’Espagne. En conséquence, les espaces s’ouvrent un peu partout dans la défense du Barça et Barcola, encore lui, enfonce le clou sur son aile gauche et trouve Ousmane Dembélé qui canonne le but de Marc-André Ter Stegen (1-1, 40e).
Vent de force 7
Avant et après ces événements, l’équipe parisienne est très objectivement au-dessus. Plus nerveuse, plus agressive aussi, plus rapide dans les courses et les initiatives : un peu comme si Pedri et ses coéquipiers avaient peur de mordre dans le match. Un partout aux citrons et un vent de force 7 dans le dos des Parisiens. Qui doivent alors mettre deux ingrédients pour prendre la voie royale. D’une, le rythme : une équipe réduite à dix laisse des espaces, les joueurs fatiguent plus vite aussi et ceux qui sont sur le banc n’ont pas forcément la qualité des titulaires. De deux : le sang-froid. Le Paris-SG a le temps, son destin se joue derrière (pas d’erreurs défensives), parce qu’à ce niveau de supériorité et de talent, leurs buts à eux viendront tout seul.
Le milieu portugais du PSG Vitinha se chargera du deuxième (54e), d’une frappe sèche à 20 mètres qu’il a eu tout le temps d’ajuster. Pour avoir mis un coup de latte dans une bâche protégeant une caméra, l’entraîneur du Barça, Xavi, est expulsé dans la foulée. Et un tacle absurde de João Cancelo sur Dembélé offre un penalty à Kylian Mbappé, qui qualifie (virtuellement, à ce stade) son club pour les demi (1-3, 61e). Les Catalans n’ont alors ni les moyens d’aller chercher les Parisiens haut pour leur imposer l’épreuve de force du pressing, ni ceux de faire courir le ballon (l’infériorité numérique n’aide pas), ni les qualités de percussion et de vitesse pour créer les différences menant à des occasions de but.
Cinématographique
Ils n’ont plus qu’un rôle à tenir : celui de spectateur. Frankie de Jong, Cancelo et Pedri n’ont plus qu’à tenir la chandelle. Et attendre la douche. Ou la faute parisienne, collective ou individuelle : Marquinhos et Lucas Hernandez ne leur tendront pas cette perche et conduiront d’une main ferme la rencontre vers sa vérité, donnant l’impression de surplomber les débats de très haut. On s’est même surpris à penser qu’ils n’en ont pas trop fait, comme s’ils en gardaient encore un peu en cas de prolongation (un but catalan et on y allait) ou qu’ils avaient une vision toute relative du danger représenté par leur adversaire du jour. Mbappé en mettra un dernier (1-4, 89e) quand même, sur un contre cinématographique où quatre joueurs parisiens ont traversé tout le terrain coudes au corps et en montant les genoux. Le Borussia Dortmund, vainqueur de l’Atlético Madrid (1-2, 4-2), attendra les Parisiens en demi.