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Ligue des champions : Lille pleine trombe, alors que l’heure de vérité se rapproche

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La cinquième journée de cette Ligue des champions nouvelle formule a vu les clubs français s’incliner à trois reprises. Mais le Losc, Monaco et Brest restent en bonne position pour rallier, a minima, les seizièmes de finale. Le PSG, lui, devra batailler.
Les joueurs du Losc de Lille célèbrent leur victoire lors du match de Ligue des champions contre Bologne, au stade Renato-Dall'Ara de Bologne, le 27 novembre 2024. (Alberto Pizzoli/AFP)
publié le 28 novembre 2024 à 8h57

Trois défaites en quatre matchs : la cinquième journée de Ligue des champions aura ramené les clubs français sur la terre ferme, étant entendu que le Paris-SG, encore battu, cette fois à Munich (0-1), n’a jamais décollé depuis le début de la compétition. Si la belle histoire brestoise a connu un coup d’arrêt, celle du Losc de Lille court toujours, aux dépens, il est vrai, d’une équipe italienne de Bologne qui n’avait pas inscrit le moindre but avant la visite des Nordistes mercredi 27 novembre.

La jeunesse lilloise marche sur l’Europe (12e, 10 points)

Vingt ans, aucune expérience du poste de meneur de jeu et pas le moindre but en professionnel. A Bologne mercredi, le milieu belgo-congolais Ngal’ayel Mukau a crevé tous les plafonds, s’offrant un doublé et permettant au Lille OSC de s’imposer (2-1) et d’occuper une vue imprenable sur la qualification en 16e de finale, «et pourquoi pas envisager encore mieux», soit les 8e de finale direct, selon l’entraîneur de l’équipe Bruno Genesio. Mukau a raconté après le match des histoires de sommeil. Comment on en sort, comment on y rentre. «Dès le réveil le matin du match, j’ai senti qu’il pouvait se passer quelque chose. C’est un rêve depuis tout petit de jouer cette C1. Je pense que je ne vais pas trop dormir [la nuit suivant la rencontre].»

Fort de sept points prix contre de grosses cylindrées européennes (Real Madrid, Atlético Madrid, Juventus de Turin) lors de leurs trois matchs précédents, le Losc s’est baladé à Bologne. «Dans l’organisation tactique, on a joué assez haut, avec un jeu vertical et beaucoup de courses, a ajouté Genesio. On aurait même mérité de gagner plus largement, avec un ou deux buts supplémentaires. C’est aussi la victoire de la jeunesse avec Ayyoub Bouaddi [17 ans, ndlr], Matias Fernandez-Pardo [19 ans], Mukau… J’ai un effectif plus étoffé avec les retours de blessures [jusqu’à treize joueurs à l’infirmerie début novembre]. J’ai la chance d’avoir des joueurs de qualité et performants. Les joueurs d’expérience amènent de la stabilité tactique et la jeunesse, de la fraîcheur, j’aime bien ce mélange et cet équilibre.» Des quatre équipes hexagonales engagées dans la compétition, les Lillois avaient le calendrier le plus difficile et de loin, un voyage à Liverpool étant aussi programmé pour la reprise le 21 janvier. Tout se passe comme si la victoire contre le Real Madrid (1-0, le 2 octobre) avait radicalement transformé l’équipe. Ceux-là sont lancés plein fer dans une drôle d’aventure.

Les Monégasques perdent la boussole (8e, 10 points)

Rude test pour l’AS Monaco mercredi, qui prenait jusqu’ici des points contre des équipes situées au fond du tableau : le Benfica Lisbonne s’est de fait imposé (3-2) au stade Louis-II au terme d’un match furieux, qui aura vu les Portugais marquer deux fois dans les dix dernières minutes et l’arbitre slovène Rade Obrenovic cartonner allègrement les Monégasques ; cinq jaunes (limitant l’engagement des joueurs qui le reçoivent) et un rouge pour le défenseur Wilfried Singo à une demi-heure de la fin.

L’attaquant monégasque Breel Embolo a soufflé : «Quand tu joues à dix contre douze [les onze adversaires plus l’arbitre, faut-il entendre], ce n’est pas facile quand même.» Deux avertissements pour contestation, dont un pour le capitaine Denis Zakaria qui a censément le droit de s’adresser à l’arbitre (même si on ne sait pas sur quel ton il l’a fait) : un défaut de maîtrise aussi. «Il faut savoir rester calme, bien communiquer, a appuyé le coach monégasque Adi Hütter après la partie. On est coupable des remarques que l’on fait à l’arbitre. Pour les autres cartons, c’est sa décision.» Possible que l’ASM ait aussi payé sa relative inexpérience face à un club qui dispute la compétition reine chaque année ou presque depuis un quart de siècle. Et où le vénérable (36 ans) Angel Di María a paisiblement attendu son heure, comme extérieur au combat intense que se sont livrées les deux équipes, avant de donner deux passes décisives en fin de match. Peser son engagement, choisir son moment, ce sont aussi des talents. Arsenal avant Noël, puis Aston Villa et l’Inter Milan : il faudra apprendre vite pour l’ASM.

Brest à un tournant (11e, 10 points)

Curieuse impression laissée par le Stade brestois 29 dans le sillage de son match perdu (0-3) à Montjuïc face au FC Barcelone, la première défaite de Hugo Magnetti et consorts sur le front européen cette saison. L’environnement du club avait fait du déplacement en Catalogne un accomplissement, sorte de point final de la folle embardée bretonne en Ligue des champions : quoi de plus prestigieux qu’un match partagé avec l’un des deux grands d’Espagne, doré sur tranche (Lewandowski, Pedri, Dani Olmo, Jules Koundé…) et quintuple champion d’Europe ? Les supporteurs s’en sont donné à cœur joie, documentant en continu leur journée jusqu’à l’arrivée au stade, on a vu un coprésident (Gérard Le Saint) mener la chorale en pleine rue et le gardien Marco Bizot, après le match, arborait la mine pincée du fautif : «On les a peut-être trop respectés.»

Eric Roy, l’entraîneur brestois, a protégé ses hommes : «Tellement de maîtrise technique en face, de connexions entre les joueurs… On sent qu’une bonne moitié joue ensemble depuis des années. Du très haut niveau, avec ou sans ballon.» Mais il a quand même dit qu’il attendait autre chose, l’impression générale étant que les Brestois partaient de suffisamment loin face à l’armada catalane pour ne pas en plus entrer dans le match sur la pointe des pieds. Le PSV Eindhoven rendra visite au stade de Roudourou le 10 décembre. Le SB29 sera alors à la relance, avec pour la première fois une défaite à surmonter et une position au classement à défendre car les Néerlandais sont derrière au classement et l’issue se rapproche. Ce qui, dans l’approche du match puis son contenu, peut changer beaucoup de choses.

Le Paris-SG vers sa vérité (25e, 4 points)

Les matchs du Paris-SG lors de cette Ligue des champions ressemblent à une poupée gigogne : ils se rabougrissent au fil des journées. Et l’abattage médiatique de Luis Enrique, son côté volontiers provocateur, une rhétorique tirant parfois sur le boniment pur et simple («Mon équipe sera plus forte la saison prochaine», lâché en avril devant un parterre de journalistes déjà sceptiques) se fracassent sur la lecture du classement de cette nouvelle formule, évoquant plus celui du Tour de France que ces poules de quatre équipes fermées sur elles-mêmes et qui permettaient, faute de point de comparaison entre les différents groupes, d’y voir ce qu’on avait envie d’y voir.

La défaite (0-1) à Munich contre le Bayern, ni plus ni moins anodine dans le contenu que la victoire inaugurale contre Gérone (1-0 le 18 septembre) ou la défaite au Parc contre l’Atlético Madrid (1-2 le 6 novembre), a résumé l’affaire : non seulement le Paris-SG tourne au très ordinaire, mais les joueurs s’y sont habitués. Devant les micros, Marquinhos ou João Neves en ont pris acte, prêchant des valeurs de solidarité plutôt que de communiquer sur les progrès à venir. Luis Enrique s’en est chargé pour eux : «Etre entraîneur du PSG est un grand privilège. L’exigence que je me mets est au-dessus de la pression extérieure. Mon objectif est de gagner le maximum de titres dès cette saison. En tout cas, je me répète, mais toutes les informations que je glane lors de ces matchs me sont très utiles pour la suite.» Pour ce qu’il en fera… L’affaiblissement de son effectif le dépasse, il le sait parfaitement et la compétition emmène lentement son équipe vers sa vérité.