Un troisième club français, après Brest et Lille, ralliant les seizièmes de finale : on peut difficilement s’émerveiller, étant entendu que ces seizièmes correspondent en vérité au premier tour de poule à 32 équipes de la Ligue des champions ancienne formule, mais les Monégasques n’en auront cure. En crise ces dernières semaines (deux matchs sur dix remportés dans les compétitions hexagonales), battus vendredi sur la pelouse de la lanterne rouge Montpellier, les joueurs de la Principauté auront eu le privilège d’une (rare) visite du grand patron Dimitri Rybolovlev dans leur vestiaire du Stade Louis-II après leur court succès (1-0) sur Aston Villa mardi 21 janvier, signe que l’heure était grave.
Monaco aux forceps
«Nous avons su corriger nos erreurs défensives, a expliqué l’international suisse Breel Embolo après la rencontre. Les critiques, ça arrive dans le football. Mais le plus important c’est de les surmonter, de se surpasser et c’est ce qu’on a montré [contre Aston Villa] en étant solides. C’était important pour le coach, pour le groupe mais aussi pour tout le monde, parce que c’était un peu dur dans la tête. Ça va vraiment nous faire du bien.» «Chacun s’est battu comme un lion sur le terrain, a ajouté le défenseur Christian Mawissa. On a bien communiqué entre nous aussi. C’est un succès important.»
Adi Hütter, l’entraîneur monégasque : «Nous avons montré un grand courage pour tenir le score [le but monégasque de Wilfried Singo a été marqué tôt, dès la 8e minute, ndlr]. Cela nous donne de la confiance et montre qu’on peut remporter des matchs malgré cette période sombre. Nous sommes qualifiés pour les barrages, c’était l’objectif principal de la saison.» En extrapolant à peine, l’état d’esprit des acteurs après le match relevait surtout du soulagement. L’ASM ne pouvait pas déchoir. Confortablement installé au classement avant la rencontre, Aston Villa n’était pas non plus venu jouer son scalp sur le Rocher et ça s’est vu, même si l’équipe anglaise basée à Birmingham est restée sur des standards élevés.
Duel
Les joueurs monégasques auront ainsi saisi l’occasion, à l’image de l’ensemble de leur parcours dans cette Ligue des champions puisqu’ils auront battu avant cette septième journée deux équipes faibles (l’Etoile Rouge de Belgrade et Bologne), bénéficié d’un penalty de farceur en fin de match à Zagreb (2-2) et tapé un FC Barcelone réduit à dix au bout de huit minutes, ce qu’il faut faire quand même. Et si Hütter est connu pour s’arranger avec la vérité dès qu’un micro pointe, il a raison sur un point : mardi, les Monégasques se sont battus du début à la fin, avec d’autant plus de mérite que rien n’est facile dans le jeu depuis des semaines. L’ASM rendra visite à l’Inter Milan dans une semaine.
Lille pousse les murs
Il y a une forme de magie lilloise cette saison en Ligue des champions : donner des choses valorisantes à voir dans toutes les circonstances, même les soirs de défaite, signe aussi qu’on a envie de les voir beaux après les exploits (les deux grands clubs de Madrid battus) qui ont marqué leur début de compétition. Jonathan David et consorts sont tombés (1-2) à Liverpool, ils ont même été dominés dans d’immense largeur, ils l’ont reconnu sans barguigner et, pourtant, quelque chose de positif habitait en filigrane les déclarations des uns et des autres. Le standing de l’adversaire, à la fois leader en Ligue des champions et en Premier League, ce qui en fait la meilleure équipe de la planète à date, change forcément la perspective. Le gardien, Lucas Chevalier : «Ça reste une défaite, on ne peut pas se contenter de ça. Après oui, c’est sûr qu’on est tombés sur une équipe supérieure, qui fait très mal quand elle accélère. Ils ont loupé pas mal d’occasions aussi. Mais ça nous fait grandir dans le sens où, face à ces joueurs-là, tout va plus vite. Tout ce qu’ils réalisent est imprévisible, ce qui vous force à être dans la réaction, sans possibilité d’anticiper. On ne “sent” pas ce qu’ils vont faire. Là, tu te dis quand même que Liverpool est à un cran supérieur.»
«J’ai un sentiment partagé parce qu’il y a aussi de la fierté, a expliqué de son côté l’entraîneur nordiste, Bruno Genesio. Le visage qu’a montré mon équipe m’a beaucoup plus, notamment en seconde période alors qu’on était à 10 contre 11 [expulsion du défenseur Aïssa Mandi à la 59e minute]. Si on garde cette qualité, on sera capable de belles choses. On a été disciplinés tactiquement et défensivement, on a beaucoup gêné cette équipe de Liverpool mais on a été un peu timides, timorés dans notre jeu offensif. Il y avait de meilleures choses à faire dans l’utilisation du ballon. On a manqué d’un peu de folie pour poser plus de problèmes à nos adversaires.»
Si on remplace le mot «folie» par l’expression «talent offensif», on y voit sans doute un peu plus clair encore dans la pensée du coach lillois. Les limites de l’équipe nordiste existent bel et bien, mais les joueurs s’emploient constamment à les repousser et les combattre. C’est du foot. Le Losc en terminera à domicile la semaine prochaine avec la réception (ardue) du Feyenoord Rotterdam, avec une possible qualification directe pour les huitièmes de finale en cas de succès.