Kylian Mbappé était bel et bien aligné d’entrée ce mardi soir à Anoeta. Ça s’est vu tout de suite, une accélération de l’international tricolore qui foudroie la défense basque pour servir Bradley Barcola dans les six mètres, l’ex-Lyonnais voyant sa frappe repoussée à bout portant par le gardien basque Alejandro Remiro (10e). Cinq minutes plus tard, le même Remiro était aux fraises sur une action que Mbappé s’était construit seul : appel de balle côté gauche, fixation en deux temps avec feinte de frappe pour s’ouvrir l’angle et praline du droit qui arracha (littéralement) les filets basques (0-1, 15e).
La Paris-SG avait déjà la part belle après son succès de l’aller (2-0) au Parc : ce huitième de finale retour de Ligue des champions sur la pelouse de la Real Sociedad de San Sebastian, finalement conclu sur une nouvelle victoire (2-1), aura ainsi vécu un quart d’heure. Pas une minute de plus. Le psychodrame des dernières semaines, qui avaient vu l’entraîneur parisien Luis Enrique mettre au frigo – un coup remplaçant, un coup il sort avant la fin – le capitaine des Bleus à intervalles réguliers, trouvait ainsi une issue édifiante, belle comme l’Antique : en le vexant, le coach espagnol avait tiré la quintessence de sa vedette.
Antidote contre remontada
Le prochain coup, il pourra essayer le plomb fondu sous les ongles de pied et les coups de boules dans la tronche. On est à peu près sûr, nous, qu’un joueur du calibre de Mbappé n’aura jamais besoin de personne pour balancer l’équipe adverse par-dessus le bastingage (il l’a fait toute sa vie de joueur) mais bon, puisque le foot en général et la direction qatarie du Paris-SG en particulier sont devenus affaire de storytelling, va pour le conte de fées. A part ça, il y eut un match.
Rencontre complètement refroidie par la réussite initiale parisienne. Un public un peu neutre, sans doute parce qu’il a deviné l’issue très vite. Une équipe basque qui mesure alors l’immense difficulté (en mettre quatre pour passer) qui se présente à elle après le but de Mbappé. Et des joueurs parisiens combatifs à défaut d’être disciplinés, la modeste qualité individuelle de ceux d’en face leur laissant une certaine marge. 0-1 aux citrons et l’impression que les deux équipes vont surtout s’employer à en terminer en douceur. En plus de qualités de puissance ou de vitesse que l’équipe basque ne peut faire valoir, les Parisiens avaient pour eux l’antidote contre toutes les remontadas du monde : une capacité à faire courir et conserver le ballon, infusant ainsi un sentiment d’impuissance dans les tribunes d’Anoeta.
Léthargie avant la douche
Le milieu sud-coréen Kang in-Lee finit par trouver Mbappé dans l’espace côté gauche, le capitaine parisien se retrouve devant le but espagnol en un clin d’œil et ferme son pied droit (sa «spéciale») pour trouver le ras du premier poteau (0-2, 56e). Les joueurs parisiens vont alors s’offrir un luxe extravagant : sortir du match à une demi-heure du terme, la léthargie avant la douche. Volontaires mais inefficaces, Igor Zubeldia et consorts réduiront l’écart au bout du match par Mikel Merino (1-2, 89e). Et Mbappé a disputé l’intégralité du match, ce qui ne lui était plus arrivé depuis l’annonce de son départ en fin de saison le 15 février. Embrassons-nous, Folleville.