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Ligue des champions : pour le PSG, une demie méritée ; pour Barcelone, un déni déplacé

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La victoire des Parisiens mardi en Catalogne ne doit rien à l’expulsion d’un Barcelonais mais tout à leur maitrise technique, tactique et physique.
Kylian Mbappé célèbre son deuxième but et le quatrième but du PSG qui enfonce les Barcelonais, mardi soir à Barcelone. (Franck Fife/AFP)
publié le 17 avril 2024 à 13h57

Puisque le camp parisien nageait dans une félicité sereine après le coup de force (victoire 4-1 en Catalogne, la défaite 2-3 de l’aller effacée) réussi mardi aux dépens du FC Barcelone, l’après-match aura été animé par les battus du jour : du bruit, de la fureur et des leçons de coéquipier à coéquipier données au grand jour, dès qu’un micro passe. «L’arbitre [le Roumain Istvan Kovacs, ndlr] a été un désastre, s’est récrié Xavi, l’entraîneur des champions d’Espagne. Nous sommes en colère. L’expulsion [de Ronald Araujo, à la 29e minute] a complètement acté notre élimination. Pour moi, donner rouge là-dessus, c’est trop. L’arbitre a tout détruit. Je n’aime pas parler des arbitres, mais on ne peut pas rester silencieux. Il a changé le cours du match. Le travail de toute une saison se termine ici ce soir à cause d’une décision arbitrale. Il y a des expulsions dans le football, mais l’arbitre a été mauvais.»

«Il faut être sûr de ce qu’on fait»

Kovacs a de fait une réputation médiocre dans son pays, entaché de soupçon de corruption, mais il s’est montré solide ce mardi soir à Montjuïc : si elle correspond effectivement au tournant de la rencontre, puisque le FC Barcelone menait alors 4-2 sur l’ensemble des deux matchs, l’expulsion d’Araujo répond à un point de règlement clair (annulation d’une occasion de but nette, Bradley Barcola filait au but) et elle rentre dans tous les cas dans le fameux «champ d’interprétation de l’arbitre», une zone où l’arbitrage vidéo n’a pas vocation à s’inviter puisque le VAR ne corrige que les erreurs manifestes. Xavi a d’ailleurs été contredit en creux par son milieu de terrain Ilkay Gündogan, qui a pointé le manque de discernement d’Araujo sur l’action de la 29e minute : «C’est difficile à dire mais je pense que dans ces moments cruciaux, il faut être sûr de ce qu’on fait quand on intervient et qu’on va chercher le ballon. Je ne sais pas si [Araujo] touche le ballon ou pas [en fait non, ndlr]. Mais je préfère encaisser un but, ou même accorder un un-contre-un à l’attaquant adverse contre mon gardien, que de risquer l’expulsion. Je préfère donner à mon gardien l’occasion d’arrêter l’attaquant adverse, voire de lui donner le but franchement, que me faire expulser.»

Vingt et un tirs à sept, 2,56 buts attendus (une statistique qui mesure les occasions de but) à 0,77, 68 % de possession de balle pour des Parisiens pourtant qualifiés dès la 61e minute… les chiffres sont rudes pour le FC Barcelone, complètement dominé dès le coup d’envoi par une équipe parisienne beaucoup plus athlétique, dure dans les duels et forte dans les un-contre-un, une infériorité numérique – même d’une heure – devant être gérée par des équipes de ce niveau comme n’importe quel fait de match, un but encaissé ou la blessure d’un joueur important par exemple. Les joueurs parisiens auront eu le mérite d’appuyer constamment et en équipe, compressant Frenkie De Jong et consorts dans leurs trente mètres.

«Même si on avait perdu, je serais fier»

Partant, la résignation s’est lue dans le camp catalan avant même que les buts parisiens ne s’entassent, signe d’une supériorité tellement large qu’elle aura étranglé jusqu’à l’instinct de compétiteur des joueurs du Barça. Possible que le Paris-SG post-2016 (l’année qui marque le départ de Zlatan Ibrahimovic) tienne là son chef-d’œuvre, Kylian Mbappé s’étant d’ailleurs exprimé dans ce sens après la partie : «Je suis toujours fier d’être parisien depuis que je suis ici. Même si on avait perdu, je serais fier. Ce n’est pas parce que je vis des bons ou des mauvais moments que ma fierté en prend un coup. Je suis fier de représenter le club de la capitale de mon pays, c’est spécial pour moi qui ai grandi ici. Vivre des soirées spéciales comme celle-ci en tant que Parisien, c’est grand. On a passé une étape de plus. Il faut rester tranquille.»

Là, il parle pour lui aussi. Il y a un temps pour tout. Les demi-finales contre le Borussia Dortmund sont programmées jusqu’au 7 mai : le terrain et le jeu tiendront le haut du pavé d’ici-là. Ou au-delà, si les Parisiens disputent la finale le 1er juin à Wembley.