Menu
Libération
Football

Départ de Lionel Messi du FC Barcelone : coup de tonnerre ou ultime coup de poker ?

Après plus de vingt ans passés en Catalogne, le joueur ne signera pas de prolongation de contrat a fait savoir ce jeudi soir le club espagnol.
Lionel Messi le 16 mai. (Albert Gea/REUTERS)
publié le 5 août 2021 à 20h19
(mis à jour le 5 août 2021 à 21h24)

Une ogive dans le ciel catalan : Lionel Messi et le FC Barcelone, c’est terminé. Du moins selon un communiqué du club, publié ce jeudi en début de soirée : «Malgré un accord entre le FC Barcelone et Lionel Messi et avec l’intention claire des deux parties de signer un nouveau contrat aujourd’hui, il ne sera pas possible d’officialiser [l’accord] en raison d’obstacles économiques et structurels, tenant au règlement de la Ligue espagnole», affirme le club blaugrana.

Le contexte : en fin de contrat cet été avec son club de toujours, l’attaquant argentin négociait une prolongation à la baisse, lui qui touchait chaque saison une somme pharaonique – selon les sources et le lissage des diverses primes que Messi et son entourage négociaient à chaque nouveau paraphe – comprise entre 70 et 100 millions d’euros.

Aura quasi divine

Contexte toujours : affichant officiellement une dette de 1,173 milliard d’euros à l’issue de la saison 2019-2020, le club s’était vu imposer un plafond salarial de 160 millions d’euros par an par la Ligue professionnelle espagnole, soit un régime drastique, puisque cette masse salariale était de 347 millions d’euros la saison passée. La rédaction du communiqué dessine donc en creux l’intransigeance de la Liga, coupable selon le club de pousser indirectement Messi vers d’autres horizons : «Face à cette situation, Lionel Messi ne restera pas lié au FC Barcelone. Les deux parties regrettent profondément qu’en fin de compte, les souhaits du joueur et du club ne puissent être exaucés.»

Depuis quelque mois, Messi avait accepté de renégocier à la baisse. Les montants n’ont cependant pas fuité, ce qui laissait deviner une ligne de tension entre le club et le joueur, d’autant que certaines sources s’étaient fait l’écho d’un étalement de son salaire dans le temps, lui permettant de récupérer à terme tout ou partie du sacrifice (éventuellement) consenti pour la saison 2021-2022. Deuxième interprétation possible donc : le club ne s’est pas mis d’accord avec le joueur pour la saison à venir et met cet échec sur le dos de la Liga plutôt que sur celui d’un Messi à l’aura quasi divine chez les supporteurs du club à travers le monde.

Troisième lame : en imputant l’échec des négociations à la Liga et au plafond salarial imposé par le président de celle-ci, Javier Tebas, le Barça ferait pression pour obliger ce dernier à assouplir sa doxa d’airain. Ce qui permettrait, ensuite, de valider le nouveau contrat et d’éviter la rupture entre Messi et un club qu’il a rejoint adolescent pour le hisser vers les cimes que l’on sait. Ainsi, peut-être que l’on est encore loin de la fin du film.

Comme la fin d’une époque ?

D’autant qu’un autre élément, et non des moindres, vient complexifier l’équation : l’énorme contrat que la Ligue espagnole a passé avec CVC Partners mercredi, cédant 10% de son capital au fonds d’investissement luxembourgeois et la maîtrise de ses droits audiovisuels pendant un demi-siècle contre 2,4 milliards d’euros à répartir entre les quarante-deux clubs professionnels espagnols.

Le Real Madrid et le FC Barcelone sont opposés au deal, y voyant un détournement de ses actifs au profit de la Ligue pro et de CVC Partners en plus d’une manœuvre, diront les mauvaises langues, les empêchant de rejoindre avant longtemps la Super League européenne fermée mort-née au début du printemps, mais à laquelle les deux clubs n’ont jamais officiellement tourné le dos. Partant, Messi serait une victime collatérale et un jouet médiatique – c’est de ta faute, non c’est de la tienne – aux mains de la Liga et du FC Barcelone.

Celui-ci ayant cependant communiqué officiellement sur le départ du joueur, il faut cependant bien l’envisager. Comme la fin d’une époque, où le plus grand joueur de son temps conspirait à hisser l’un des plus grands collectifs jamais vus (Sergio Busquets, Xavi, Iniesta, Jordi Alba, Piqué…) sur le toit de l’Europe. On n’en est cependant pas encore tout à fait là.

Mis à jour : le 5 août à 21h25.