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Corruption

«L’une des pages les plus sombres de l’histoire du football turc» : des centaines d’arbitres accusés d’avoir parié sur des matchs

Selon une enquête interne, 371 arbitres possèdent des comptes de paris tandis que 152 parient activement. Certains arbitres évoluent au niveau national et les plus grands clubs turcs ont réagi.

Un arbitre adresse un carton jaune au joueur de Trabzonspor Ernest Muci, le 25 octobre. (Hakan Burak Altuooz /Anadolu. AFP)
Publié le 27/10/2025 à 21h38

Des centaines d’arbitres turcs de football, dont certains au niveau national, ont parié sur des matchs au mépris de l’interdiction qui leur en est faite, a affirmé lundi le président de la Fédération turque de football (TFF) en promettant des sanctions immédiates. Une enquête interne portant sur 571 arbitres a démontré que «371 possèdent des comptes de paris et 152 parient activement», a révélé Ibrahim Haciosmanoglu, le patron de la fédération, lors d’une déclaration à la presse. «Nous sommes déterminés à nettoyer le football de toute trace de corruption. Nous ne ferons aucune exception», a lancé Haciosmanoglu, dont les révélations ont fait l’effet d’une bombe en Turquie.

Le patron du football turc a assuré, l’air grave, que des «sanctions nécessaires» seraient prises «dès aujourd’hui» lundi. Haciosmanoglu, selon lequel 22 des 371 arbitres (sept arbitres centraux et quinze arbitres assistants) sont des arbitres évoluant au niveau national («niveau supérieur»), n’a pas précisé leur identité ni indiqué si certains étaient soupçonnés d’avoir parié sur des matchs qu’ils ont dirigés.

«Scandale»

Dans des communiqués distincts, Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, les trois plus grands clubs du pays, ont exhorté la fédération à rendre publics immédiatement les noms des arbitres et les matchs sur lesquels ils ont parié. Dénonçant un «scandale», le club de Trabzonspor, sacré champion de Turquie pour la dernière fois en 2022, a jugé que ces révélations «mettent au jour l’une des pages les plus sombres de l’histoire du football turc».

Une enquête avait été ouverte dès le mois d’avril par le parquet d’Istanbul, selon la chaîne publique TRT. Face aux accusations de partialité régulièrement portées contre les arbitres turcs, la TFF avait confié au printemps 2024 la VAR de plusieurs affiches de la Süper Lig turque à des arbitres étrangers.

En février, un arbitre étranger avait même dirigé le bouillant derby d’Istanbul opposant Galatasaray à son ennemi juré Fenerbahçe, qui accuse depuis des années les arbitres de favoriser son rival. «L’arbitrage étranger […] est désormais une nécessité pour rétablir un sentiment de justice» dans le football turc, a jugé sur X le journaliste sportif Yagiz Sabuncuoglu, l’un des plus suivis du pays.