Son témoignage a fait grand bruit cette semaine, et n’a pas échappé aux inspecteurs chargés d’un audit sur la Fédération française de football. Comme le rapporte Le Monde, ces derniers ont émis un signalement à la justice pour un éventuel « outrage sexiste » commis par le président Noël Le Graët, après avoir entendu l’agente Sonia Souid. Mardi, celle-ci dénonçait publiquement dans l’Equipe et sur RMC le comportement du président de la FFF : «il m’a dit en tête à tête, dans son appartement, très clairement, que si je voulais qu’il m’aide, il fallait passer à la casserole ».
Ce témoignage, l’agente de plusieurs internationales françaises l’a aussi formulé devant les auditeurs de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Lesquels ont donc effectué un signalement auprès du procureur de la République de Paris, comme le leur oblige l’article 40 du code de procédure pénale. Lequel stipule que « tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».
« J’ai été informée par la cheffe de l’IGESR que, sur la base des témoignages recueillis par la mission FFF, elle a été conduite à effectuer un signalement conformément à l’article 40 du code de procédure pénale, en raison d’un faisceau d’éléments concordants sur des faits susceptibles de revêtir une qualification pénale », a réagi la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, citée par Le Monde. Sollicité par l’AFP, le ministère des Sports précise qu’Amélie Oudéa-Castéra a été informée du signalement, conformément à la procédure, et qu’elle n’a pas vocation à s’exprimer davantage sur le sujet.
Noël Le Graët s’étonne des fuites
« Je viens de prendre connaissance avec étonnement d’un article du Monde faisant état de fuites sur le rapport provisoire en cours de préparation (de l’IGESR) », a réagi de son côté Noël Le Graët dans une déclaration transmise à l’AFP. « A ce stade je ne connais ni les faits qui me sont reprochés ni les personnes qui en sont à l’origine », déclare-t-il. « Plus généralement je m’étonne que des informations puissent être divulguées alors même que le rapport provisoire ne m’a pas encore été transmis et que je n’ai pas été en mesure de faire valoir mes observations sur celui-ci », dit-il.
Analyse
Noël Le Graët, sous pression depuis plusieurs jours, a été mis en retrait de la présidence de la fédération par le comité exécutif, réuni mercredi en séance extraordinaire. L’outrage sexuel ou sexiste vise une déclaration ou un comportement à connotation sexuelle ou sexiste portant atteinte à la dignité d’une personne, ou l’exposant à une situation pénible. L’infraction peut être punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 euros.