L’étau se resserre plus que jamais autour de Noël Le Graët. Déjà mis en retrait de ses fonctions de président de la Fédération française de foot par son Comité exécutif extraordinaire réuni mercredi 11 janvier après une accumulation de polémiques, l’octogénaire breton est désormais dans le viseur de la justice, avec l’ouverture d’une enquête pour harcèlement moral et sexuel, annoncée ce mardi par le parquet de Paris. L’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Noël Le Graët «dément toutes (les) accusations de harcèlement moral ou sexuel ou toutes autres infractions pénales». Dans un texte transmis par ses avocates mardi, le dirigeant de 81 ans s’étonne d’apprendre «par voie de presse» l’ouverture de l’enquête et fustige les «nombreuses interférences et pressions politiques» venues selon lui de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, dans le cadre de l’audit diligenté par le ministère.
«Il fallait passer à la casserole»
Cette procédure fait suite au signalement à la justice pour un éventuel «outrage sexiste» commis par le président de la FFF, émis récemment par les inspecteurs en charge de l’audit sur le fonctionnement de la fédé. Le signalement a été effectué auprès du procureur de la République de Paris après le témoignage de Sonia Souid, agente de plusieurs internationales françaises, recueilli par les auditeurs de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), selon le quotidien.
Sonia Souid a publiquement dénoncé la semaine dernière, auprès du quotidien L’Equipe et sur RMC, le comportement jugé sexiste de Le Graët. «Il m’a dit en tête à tête, dans son appartement, très clairement, que si je voulais qu’il m’aide, il fallait passer à la casserole», a raconté Sonia Souid. Évoquant ses rapports professionnels passés avec le patron du foot français, elle expliquait avoir eu le sentiment «qu’à chaque fois, la seule chose qui l’intéresse, et je m’excuse de parler vulgairement, ce sont mes deux seins et mon cul».
Analyse
De son côté, Noël Le Graët avait réagi samedi après la révélation du signalement : «A ce stade je ne connais ni les faits qui me sont reprochés ni les personnes qui en sont à l’origine», avait affirmé le patron de la FFF. Avant de s’attarder sur la forme : «Plus généralement je m’étonne que des informations puissent être divulguées alors même que le rapport provisoire ne m’a pas encore été transmis et que je n’ai pas été en mesure de faire valoir mes observations sur celui-ci.»
C’est Philippe Diallo, jusque-là vice-président de la Fédération et patron durant trente ans de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), qui a la lourde charge d’assurer l’intérim de Le Graët jusqu’au Comex suivant la publication du rapport d’audit, prévue pour la fin du mois de janvier.
Mise à jour : à 15 h 45, avec davantage de détails sur la procédure et la réaction de Noël Le Graët.