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Libération
Bilan

Paris sportifs : des mises records pendant la Coupe du monde de foot mais pas de matraquage publicitaire

Coupe du monde 2022 au Qatardossier
Près de 600 millions d’euros ont été misés en France sur le Mondial au Qatar, un chiffre en hausse de 56 % par rapport à 2018. Pour autant, l’Autorité nationale des jeux note que les publicités ont été globalement mieux encadrées lors de la compétition.
Le bon parcours des Bleus pendant la Coupe du monde a eu un impact sur l'exposition aux publicité pour des paris sportifs. (Romain Doucelin /AFP)
publié le 2 février 2023 à 18h08

Les compétitions de football se suivent et les bilans se ressemblent. Après une Coupe du monde 2018 et un Euro 2021 record, les montants misés lors de paris en ligne sur le Mondial 2022 ont atteint de nouveaux sommets. Du 20 novembre au 18 décembre dernier, 597 millions d’euros ont été joués en France sur les rencontres des qataries, révèle ce jeudi l’Agence nationale des jeux (ANJ) dans un communiqué, parlant d’une «performance record pour une compétition de cette envergure». Pour la seule finale, les mises ont atteint 51 millions.

Les mises sont en hausse de 56 % par rapport à la Coupe du monde 2018 en Russie et de 37 % par rapport à l’Euro 2021. En ajoutant les paris faits dans les points de vente de la FDJ, dont les chiffres seront communiqués mi-février, le total pourrait avoir dépassé les 900 millions d’euros. Dans le détail, 54 millions de paris ont été réalisés en France pendant la compétition, soit plus du double qu’en 2018, pour un montant moyen de 11 euros par pari. Au global, 70 % des parieurs ont perdu de l’argent pendant le Mondial, 23 % ont un bilan positif, 6 % sont à l’équilibre et 1 % ont gagné plus de 10 fois leur mise.

Ces chiffres sont néanmoins à regarder dans un contexte global de ralentissement de la croissance du pari sportif en ligne en France. Sur un an, la hausse des montants misés n’est que de 2,5 %. C’est moins que les 7 % de 2020, année où les compétitions sportives ont pourtant été plombées par le Covid. Et c’est beaucoup moins que les 44 % d’augmentation de 2021. Par ailleurs, si la Coupe du monde a sans surprise boosté les créations de comptes (+177 000 nouveaux joueurs en un mois), cela reste bien en dessous de 2018 (+232 000).

La publicité mieux régulée

Dans son communiqué, l’ANJ met aussi l’accent sur la publicité. De l’avis de tous, et de l’ANJ en premier, l’Euro 2021 avait été la compétition de tous les excès. Les publicités pour les paris étaient partout, à la TV comme sur Internet ou dans la rue, et particulièrement oppressantes. Elles visaient très souvent les jeunes des banlieues, public plus vulnérable et susceptible de basculer dans l’addiction, laissant entendre qu’un enrichissement était à portée de main en pariant sur le foot.

Pour éviter de reproduire de tels débordements, l’Autorité nationale des jeux a publié début 2022 une longue liste d’interdits. Et juste avant la Coupe du monde, les 17 opérateurs de paris sportifs autorisés en France ont signé quatre chartes pour «modérer la pression publicitaire et promouvoir une publicité responsable». «Un évènement majeur, quelque chose d’exceptionnel», vantait à cette occasion auprès de Libé Isabelle Falque-Pierrotin, la présidente de l’Autorité nationale des jeux.

Trois mois après ces grands engagements, l’heure est à un premier bilan. D’après un sondage fait par Harris interactive pour le compte de l’ANJ, 55 % des Français déclarent avoir vu des publicités pour les paris sportifs lors de la compétition. Un chiffre légèrement supérieur à l’Euro 2021 (52 %) qui s’explique notamment par le parcours réussi de l’équipe de France qui a boosté les audiences TV et donc les possibilités d’y être confronté. Par ailleurs, 49 % de ces personnes estiment les pubs pour les paris sportifs «trop nombreuses» (cinq points de moins qu’en 2021).

Des «stratégies de contournement»

Si elle reconnaît que la pression publicitaire est restée «d’un niveau élevé», l’ANJ se félicite malgré tout d’avoir vu les contenus des publicités «se normaliser» et les engagements pris par les opérateurs «globalement respectés». L’autorité note notamment «un changement de ton» dans les réclames avec notamment «moins de signes extérieurs de richesse ou de fausses croyances sur la possibilité de changer de statut social grâce au pari». De même, le ciblage «flagrant des jeunes issus des quartiers populaires» semble moins fréquent.

L’autorité note néanmoins que certains opérateurs ont recours à «des stratégies de contournement», en utilisant notamment le sponsoring d’émissions sportives ou les influenceurs, autant de leviers «particulièrement invasifs et populaires auprès des jeunes». A ce sujet, un rapport doit être présenté en mars. Il devrait permettre de réguler la publicité sur les maillots, le naming des compétitions et le sponsoring des émissions de télévision ou de radio.