Rêvons un peu. Le roi Pelé est mort. Et l’on a envie de l’imaginer jongler, sourire aux lèvres, les pieds dans les nuages, ou ailleurs, qui sait, avec Diego Maradona. Les deux s’amusent de voir débouler ces deux autres idoles du foot qui ont marqué l’histoire du jeu ou de leur pays qu’ont été à leur manière Johan Cruyff et George Best. La bande des quatre fantastiques d’un sport planétaire, Brésil, Argentine, Pays-Bas, Irlande. Ils sont si différents, ne se seraient sans doute pas entendus ici bas, dans un vestiaire, mais l’allégresse, le feu, la tactique, l’alcool, se mélangent là où ils sont désormais dans une harmonie extraterrestre, presque enfantine. Ils étaient à part. Ils se retrouvent enfin avec la certitude de le rester. Et de pouvoir jongler tous les quatre pour l’éternité. Sans dieu pour les regarder en tribune puisque dieux ils sont.
Disparition
L’heure n’est pas de disserter sur lequel des quatre avait le plus de talent. Le débat est trop terrestre pour ces étoiles, la polémique au ras de ces pâquerettes qu’ils ont caressées de leur souliers dorés. Mais Pelé, quand même, restera toujours le roi. Ni Maradona, ni Cruyff, ni Best ne lui disputent d’ailleurs entre deux jongleries ce titre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il a été le premier. Le premier à incarner la mondialisation du foot, ses audiences planétaires, son business. Et qu’à l’inverse des trois autres, parce qu’il était le premier, que tout cela restait trop neuf, sera resté à l’abri de ces excès. Pelé, c’est le précurseur que les dérives financières, politiques, médiatiques du foot n’auront pas eu le temps d’abîmer. Son tempérament, prudent, y est sans doute aussi pour quelque chose. Mais c’est d’abord à cette virginité du premier de cordée que Pelé doit son statut à part. Pelé est une vierge mondiale vers qui se tourner pour essayer de faire en sorte que ce sport fantastique continue de tourner rond.