A la veille de rencontrer la sélection polonaise mardi 24 juin au Signal Iduna Park de Dortmund pour un enjeu très relatif (la qualification pour les huitièmes est déjà en poche) et alors que l’impuissance offensive tricolore fait parler, le staff des Bleus avait besoin de raconter une histoire. Œcuménique de préférence : le milieu de terrain N’Golo Kanté (33 ans) s’est ainsi présenté en conférence de presse.
Un comble pour cet homme discret, soucieux depuis 2016 et ses débuts chez les Bleus de se garder des micros et de la furia médiatique qui entoure le jeu. Déjà deux fois élu «homme du match» par l’UEFA après l’Autriche (1-0) et les Pays-Bas (0-0), il avait été contraint de se présenter devant les journalistes après chacune de ces rencontres, expédiant un exercice déjà minimal – trois questions, pas une de plus – en toute neutralité. Bref, les suiveurs du train bleu ont l’impression de le croiser souvent.
«Rester ensemble»
Sans pour autant en savoir plus long sur la résurrection d’un joueur parti s’exiler en Arabie Saoudite (le club de Al-Ittihad) comme on décroche du foot de haut niveau et du rythme infernal de la Premier League anglaise pour revenir au bout d’un an frais comme la rosée, inchangé dans son abattage (plus de 12 kilomètres par match) et plus audacieux avec le ballon que jamais. Les éloges ? «Non, il ne faut pas trop écouter. C’est savoureux quand même, retrouver les Bleus aussi, avoir du soutien des supporteurs mais… il faut rester dans le travail, rester ensemble.» Un rôle éventuel de leader, puisqu’il est désormais le troisième plus ancien dans le groupe France après Olivier Giroud et Antoine Griezmann ? «Non. Les choses se font naturellement. Parfois, c’est juste en jouant avec les autres que l’on apprend. C’est sur le terrain que les choses se transmettent le plus facilement.» Ses crochets courts enchaînés côté droit contre l’Autriche alors qu’il ne dribble absolument jamais, qui avaient sidéré Antoine Griezmann ? «Non, ils [ses coéquipiers] ne m’ont rien dit. C’est la situation de jeu qui m’a amené à faire ça.»
Bref : Kanté, c’est l’homme qui dit «non». Lui succédant sur l’estrade, son sélectionneur, Didier Deschamps, est parvenu à être encore moins disert. Il fallait le faire. Son «non» à lui, c’était «vous verrez». On verra qui joue demain, on verra si Griezmann est écarté ou mis au repos (selon les interprétations) comme l’a avancé l’Equipe, on verra aussi s’il aligne une équipe mixte – des remplaçants, mais pas trop – contre la Pologne où s’il attaque plein fer avec ses titulaires des deux premiers matchs… Il n’allait pas non plus donner des indications tactiques à son homologue polonais, Michal Probierz, qui bouclera ses valises demain soir puisque sa sélection est éliminée. En creux, on a cependant senti que les Bleus avaient un match étrange à disputer mardi face à des adversaires à la fois déçus et libérés, sans importance comptable mais qui peut faire du dégât dans des têtes déjà encombrées, si par exemple la stérilité offensive perdurait.
Eternité
Les Bleus auront cependant six (s’ils finissent deuxièmes) ou sept jours (s’ils terminent en tête de leur groupe) de repos entre la Pologne et leur huitième de finale. Une éternité à l’échelle d’une phase finale, où toutes les équipes viennent d’enchaîner trois rencontres en huit jours. Dans les faits, un nouveau tournoi les attend la semaine prochaine. Reste les Polonais mardi.