La plateforme de streaming de sport DAZN, qui a récemment acquis les droits de diffusion en France de huit des neuf matchs par journée de Ligue 1, dont la reprise est prévue le 16 août, a récemment annoncé ses diverses offres d’abonnement. Face à des prix exorbitants – allant de 14,99 € par mois pour un seul match par journée à près de 40 € pour l’offre la plus complète et sans engagement – et à une couverture «au rabais» des matchs, les amateurs de foot ont décidé de monter au créneau. Ce mercredi 14 août, le hashtag #BoycottDAZN arrive ainsi en premier des tendances sur le réseau social X (anciennement Twitter), avec plus de 15 000 tweets. Libé fait le point sur ce nouveau diffuseur majeur de la Ligue 1 et les raisons de son boycott.

DAZN est une plateforme de streaming sur abonnement, née en Angleterre en juillet 2015 dans les bureaux du site sportif Sporting News. Elle est couramment surnommée le «Netflix du sport». D’abord lancés en Autriche, en Allemagne, en Suisse et au Japon en 2016, ses services ont ensuite conquis l’Amérique du Nord, avant de s’étendre en Europe, en Amérique du Sud, et finalement en France fin 2020. Selon le média Stratégies, en mars 2020, DAZN comptait 8 millions d’abonnés payants.

Le 1er août, la Ligue française de football professionnel (LFP) a annoncé nouer un accord avec DAZN – mais aussi avec la chaîne qatarienne beIN Sports – dans le cadre des droits de diffusion de la Ligue 1 sur la période 2024-2029. La plateforme britannique a ainsi obtenu huit matches sur neuf par journée, c’est-à-dire par week-end, pour les cinq prochaines saisons. Le tout pour un montant de 400 millions d’euros annuels en moyenne. Une clause de sortie est prévue au bout de deux ans si le seuil de 1,5 million d’abonnés n’est pas atteint. En plus de ces matchs de Ligue 1, DAZN diffusera également le Trophée des champions et les matchs de barrages.

«De son côté, beIN Sports proposera en direct et en exclusivité un match de Ligue 1 McDonald’s à chaque journée de championnat» moyennant 100 millions d’euros annuels, détaille la LFP dans un communiqué. Prime Vidéo, diffuseur des matchs de Ligue 1 depuis 2021, disparaît quant à lui du paysage des diffuseurs.

D’abord assez évasive sur ses différentes formules d’abonnement, DAZN a finalement révélé ce jeudi 8 août ses quatre offres disponibles. Pour l’offre la plus complète, dite «DAZN Unlimited», le consommateur devra débourser 29,99 euros par mois dans le cas d’un engagement d’un an, selon le communiqué de la plateforme britannique. L’abonnement comprend aussi le dernier match accessible en différé, la Ligue des champions féminine, la saison Elite en basket ou encore du MMA et de la boxe. Pour la même offre mais sans engagement, les footeux devront débourser 39,99 € par mois.

Toujours dans le cas d’un engagement d’un an, l’alternative est de payer 14,99 euros par mois pour visionner un seul match de L1 par journée, sélectionné parmi ceux du dimanche à 17 heures. Hors de question pour autant de pouvoir choisir ce match, et ainsi de choisir celui de son équipe : le choix revient à DAZN. Une même offre équivalente, et cette fois sans engagement, est aussi proposée à 19,99 € par mois.

En outre, «pour chaque journée», la plateforme proposera la diffusion gratuite d’un match. Et «pour la première journée de la saison, la plateforme propose le match entre Toulouse et Nantes», renseigne ainsi le site. Cependant, contacté par l’Equipe, DAZN précise qu’il s’agit à ce stade d’une opération «ponctuelle» à l’occasion du lancement de la saison.

Ce mardi 13 août, le groupe Canal a par ailleurs annoncé avoir conclu un nouveau partenariat de distribution en France avec la plateforme britannique. «Le service DAZN sera disponible en option dans les offres CANAL +, aux mêmes tarifs que les offres d’abonnement commercialisées par DAZN, notamment celle à 29,99 euros par mois pour la totalité de son offre Ligue 1 McDonald’s. DAZN sera également accessible en live depuis myCANAL», a détaillé la chaîne cryptée.

Selon les informations du Parisien et de l’Equipe, sur les huit matchs par journée diffusés par la plateforme, seules les trois affiches en «prime time» – celles du vendredi (20 h 45), samedi (21 h 00) et dimanche (20 h 45) – seront assurées par un binôme constitué d’un journaliste et d’un consultant, d’ordinaire la norme. Pour cinq matchs sur huit, le match sera alors commenté par un seul journaliste.

En parallèle, pour les plus petites rencontres (samedi à 19 heures, dimanche à 15 heures et les trois matchs de 17 heures) la prise d’antenne ne se déroulera qu’à dix minutes du coup d’envoi, sans émission d’avant-match. Par ailleurs, aucun format «multiplex», qui consiste à suivre plusieurs matchs en même temps, ne sera proposé pour ces trois matchs du dimanche à 17 heures. La fin d’une tradition propre au championnat. Chaque match serait ainsi retransmis individuellement seulement. Enfin, aucun magazine hebdomadaire ne sera produit par DAZN, y compris le dimanche soir.

Avec des telles annonces, tant sur les prix que sur la programmation, les fans de foot sont ulcérés. «Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu un abonnement aussi cher. Et au-delà du simple tarif, c’est surtout le prix de ce forfait par rapport à l’offre de programmation offerte et aux conditions de diffusion qui choque», explique Kevin Nieto, analyste vidéo du foot, très actif sur son compte X.

Même son de cloche pour Maxime Desvallées, qui se définit comme un «gros consommateur de foot». Il est «estomaqué» par les prix pratiqués par DAZN, et se demande «jusqu’où ça peut aller». Le fan de foot explique à Libé avoir comme «la double sensation de se faire avoir», à la fois à cause des prix, mais aussi en raison «d’une couverture des matchs de la Ligue 1 au rabais», et ce «alors que les footeux sont de plus en plus exigeants sur l’offre qui leur est proposée». «Une chaîne comme ça qui débarque avec des prix aussi élevés, c’est catastrophique. Ça va pousser beaucoup de gens à se tourner vers des moyens illégaux», confie-t-il. Sur X, de nombreux consommateurs de foot affichent en effet leur intention de ne pas souscrire aux offres proposées par DAZN, et annoncent plutôt s’orienter vers des IPTV ou des chaînes Telegram.

«Sans émission hebdomadaire, sans proposition de contenu à côté des matchs, sans multiplex, et avec un service autant diminué, j’ai beaucoup de mal à voir comment cette plateforme va tenir» fait également savoir Kevin Nieto, tout en mentionnant le récent fiasco de Mediapro, après seulement quatre mois de diffusion.

En outre, sur le réseau social X, plusieurs comptes dont la source n’est pas vérifiée font circuler des chiffres selon lesquels la plateforme de streaming ne compterait aujourd’hui que quelques centaines d’abonnés. Un chiffre démenti par DAZN. Contactée par Libération, la plateforme se braque pourtant sur la question, et affirme «ne pas communiquer sur [ses] chiffres».

Mise à jour : à 17 h 33 avec les informations concernant la diffusion d’un match gratuit par journée