Les condamnations sont fermes et unanimes : le racisme n’a pas sa place dans le football. Sur le terrain et en tribunes. Après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo tournée par le joueur argentin Enzo Fernandez, dans laquelle son équipe entonne une chanson raciste visant les joueurs de l’équipe de France, le club de Chelsea a lancé ce mercredi 17 juillet «une procédure disciplinaire» à l’encontre de son milieu de terrain. Cette même vidéo fait l’objet d’une enquête lancée par la FIFA ce même jour.

«Nous reconnaissons et apprécions les excuses publiques de notre joueur [Enzo Fernandez, ndlr] et nous en profiterons pour faire de la sensibilisation. Le club a mis en place une procédure disciplinaire interne», a expliqué le club londonien dans un communiqué. De son côté, l’association des fédérations nationales a déclaré condamner fermement «toute forme de discrimination de la part de quiconque, y compris les joueurs, les supporters et les officiels».

Depuis lundi, une vidéo circule sur les réseaux sociaux où l’on entend les joueurs de l’Albiceleste, dont Enzo Fernandez, entonner un chant raciste visant les Bleus. La séquence, filmée dans le bus de l’équipe d’Argentine dans la foulée de la victoire à la Copa America (1-0), a été diffusée en direct par le milieu de terrain sur Instagram. Mardi, la Fédération française de football a annoncé saisir la Fifa et porter plainte «pour propos injurieux à caractère racial et discriminatoire».

Devant l’ampleur des réactions, Enzo Fernandez a écrit mardi sur son compte Instagram qu’il tenait à s’«excuser sincèrement» pour la vidéo publiée lors des célébrations de l’équipe argentine. «La chanson comprend un langage très offensant et il n’y a absolument aucune excuse pour ces mots», a-t-il reconnu. «Je suis contre la discrimination sous toutes ses formes et je m’excuse de m’être laissé emporter par l’euphorie des célébrations de la Copa America. Cette vidéo, ce moment, ces mots ne reflètent ni mes convictions ni mon caractère», a-t-il ajouté.

La veille, son coéquipier français à Chelsea, le défenseur français Wesley Fofana, avait publié un message sur X (ex-Twitter) : «le football en 2024 : racisme décomplexé». Le journal L’Equipe relève par ailleurs que les six Français de l’effectif des Blues (Wesley Fofana, donc, mais aussi Axel Disasi, Benoît Badiashile, Malo Gusto, Lesley Ugochukwu et Christopher Nkunku) se sont par ailleurs désabonnés du compte Instagram d’Enzo Fernandez. Un autre joueur français, Jules Kounde, 42 sélections en équipe de France et joueur du FC Barcelone, connu pour ses engagements contre le racisme, a dénoncé une vidéo «lamentable…» sur X.

L’air et les paroles entonnés par les joueurs argentins correspondent à un chant de supporteurs devenu populaire durant la Coupe du monde 2022 - qui avait été remportée par l’Argentine contre la France en finale. Cette chanson comportait des paroles racistes à propos des joueurs de l’équipe de France et de et Kylian Mbappé en raison de leur couleur de peau. Le chant avait notamment été diffusé en direct sur une chaîne de télévision argentine : «ils jouent pour la France mais viennent tous d’Angola, c’est bien ils savent courir, ce sont des trans comme ce putain de Mbappé, sa mère est Nigériane (ndlr : franco-algérienne en réalité), son père est Camerounais, mais sur le passeport : Français» (sic), chantaient les supporters à l’époque.

Comme l’indique Checknews dans un précédent article de Libération : «Cette version insultant l’équipe de France est un dérivé d’un autre chant de supporteurs du Club Atlético Nueva Chicago contre leurs rivaux du Club Atlético Almirante Brown. Dans un article consacré aux chants les plus polémiques du football argentin, le média argentin Infobae écrit que la chanson “fait appel à l’homophobie, à la violence de genre et au droit à l’identité”».