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Accablant

Proposition de plan à trois, mains baladeuses, messages alcoolisés… Ce que contient le rapport sur Noël Le Graët

Violences sexuellesdossier
France Info révèle ce vendredi les résultats des investigations des membres de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche sur le comportement du président de la Fédération française de football.
Noël Le Graët lors d'un entraînement de l'équipe de France à Doha, au Qatar, le 19 novembre 2022. (Christophe Ena/AP)
publié le 10 février 2023 à 9h35

Le sort de Noël Le Graët à la tête de la FFF était déjà compromis, il semble aujourd’hui scellé. Alors que les trois inspecteurs de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), en charge de l’audit de la Fédération française de football (FFF), doivent remettre leur rapport définitif le 15 février prochain à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, France Info révèle ce vendredi les faits qui sont reprochés au Breton.

Durant la mission, lancée au mois d’octobre dernier, les inspecteurs ont auditionné 103 personnes, principalement des salariés ou ex-salariés de la FFF. De ces auditions, les membres de l’IGESR ont retenu plusieurs faits compromettants résumant les pratiques de l’ex-patron du foot français, mis en retrait de ses fonctions depuis le début de l’année. Selon le rapport cité par France Info, Le Graët aurait proposé explicitement un plan à trois à deux collaboratrices lors d’un dîner, caressé la cuisse d’une autre avec insistance malgré l’opposition de cette dernière ou demandé à une femme de se mettre en jupe pour voyager. Sans compter sur «l’envoi de deux messages vocaux successifs d’invitation», dont l’un disait : «J’en suis à ma troisième bouteille […] ; je vous attends pour la quatrième».

«Formulations ambiguës»

En outre, les auteurs de la mission considèrent que le patron de la fédé de foot avait mis en place «une stratégie totalement réfléchie» pour lancer ses invitations malvenues et abusives. «La mission constate en effet un faible nombre d’écrits [SMS notamment] produits par M. Le Graët, utilisant des formulations ambiguës pouvant recevoir différentes interprétations et un vocabulaire ne comportant aucun terme à caractère sexuel, mais dont les horaires d’envoi, le caractère répétitif et la nature des destinataires ont retenu l’attention de la mission», développe-t-il.

Au passage, les membres mandatés de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche s’étonnent que la mission en cours n’ait pas freiné Le Graët dans ses agissements supposés. Après avoir été entendu une première fois par l’institution, l’homme «a continué à lancer des invitations à une joueuse internationale, membre de l’équipe de France de Football, comme si l’enquête en cours ne modifiait en rien une pratique courante».

Dans leur rapport, les inspecteurs insistent également sur «le caractère répétitif des agissements de Noël Le Graët». «Ces agissements ont pu porter atteinte à la dignité des victimes par des propos vulgaires en particulier lorsque M. Le Graët montre des signes tangibles qu’il se trouve sous l’emprise de l’alcool», précisent-ils. A la FFF, le penchant pour la bouteille de l’ancien patron était un secret de polichinelle. A tel point que les salariés avaient inventé «une “formule codée” pour se prévenir les uns les autres de l’état d’ébriété potentiel de Le Graët qui consistait à demander : ‘‘Le Président a-t-il eu un déjeuner ?’’», précise le rapport. «En état d’ébriété, les propos injurieux de M. Le Graët peuvent concerner tout autant les hommes que les femmes», notent à ce propos les membres de l’IGESR.

A la fin du mois de janvier, une première version du rapport d’audit avait déjà fuité dans la presse. Elle s’était montrée claire. Selon les membres de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, qui sont placés sous l’autorité des ministères de l’Education, de l’Enseignement supérieur ainsi que des Sports, le président Noël Le Graët «n’a plus la légitimité nécessaire pour administrer» la Fédération française de football compte tenu notamment «de son comportement envers les femmes». Par la voix de ses avocats, le Breton avait fait savoir qu’il ressentait un «profond sentiment d’injustice» face à cette mission d’audit, soumise selon eux «à une pression politique et médiatique qui n’ont pu que la biaiser», et qui prend la forme d’un «procès en légitimité». Le Graët est, par ailleurs, dans le viseur de la justice. Le 17 janvier dernier, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour harcèlement moral et sexuel.