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Libération
Retour à l'ordre

PSG-OM : après leur folle semaine, les Marseillais débarquent pour le Clasico

Départ de l’entraîneur espagnol Marcelino mercredi 20 septembre, président Longoria sur la sellette… Les joueurs de l’OM, qui devancent leurs rivaux du PSG d’un point au classement, défient Mbappé & Cie dimanche soir au Parc des Princes.
Le coach par intérim de l'OM, Jacques Abardonado, à la Johan Cruyff Arena lors de la rencontre de Ligue Europa jeudi 21 septembre contre l'Ajax Amsterdam. (Olaf Kraak /ANP/AFP)
publié le 24 septembre 2023 à 8h00

C’est une problématique à la fois incidente et centrale, soulevée par la semaine insensée vécue par l’Olympique de Marseille en préalable au Clasico de ce dimanche 24 septembre, contre le Paris-SG au Parc des Princes (1) : à quoi sert un entraîneur, au juste ? Démissionnaire mercredi, Marcelino, le coach espagnol débarqué cet été, n’avait pour ainsi dire pas entraîné depuis le 16 septembre, veille de la réception du Toulouse FC (0-0).

Et l’OM a réussi le meilleur match de son début de saison jeudi en Ligue Europa, revenant deux fois au score pour arracher le nul (3-3) à Amsterdam contre l’Ajax en se créant plus d’occasions de but qu’ils n’en ont eu depuis six semaines. Parachuté au débotté aux commandes de l’équipe, Jacques Abardonado, surnommé «Pancho», l’ex-adjoint et gamin de la Castellane, dans les quartiers nord, a bien rigolé samedi quand on lui a demandé quelle «méthode» il comptait employer pour redresser la situation sportive d’une équipe phocéenne qui, faut-il le rappeler, pointe devant son hôte au classement de Ligue 1 avant cette sixième journée (Marseille est 4e avec neuf points, Paris 5e avec huit points) : «Bah… euh… un peu le joueur que j’étais, quoi…» Un dur, faut-il entendre, mais encore ? «La solidarité, la gnaque, l’envie… et la rage, aussi… l’agressivité mais dans le bon sens du terme, hein !»

Longoria scotché à sa chaise

Abardonado est alors à la limite du fou rire. A deux reprises, il complétera sa réponse : «Et surtout, il faut mettre les joueurs à leur poste.» Ce qui, puisque les joueurs le connaissent avant que l’entraîneur de passage ne le leur dise, leur poste, réduit le domaine d’intervention d’Abardonado à zéro, à ses capacités d’ambianceur près. L’Olympique de Marseille a vécu une semaine démentielle. Vendredi, le président, Pablo Longoria, a convoqué la presse pour annoncer qu’il restait en poste grâce à l’amicale pression des «joueurs, salariés, acteurs du monde économique, politique, institutionnel», et beaucoup y ont vu une pression beaucoup moins amicale de l’actionnaire américain Franck McCourt, qui aurait en quelque sorte scotché Longoria à sa chaise de président grâce, entre autres, à un contrat de travail empêchant l’Espagnol de partir sans y laisser sa chemise et le reste.

Mais les principaux groupes de supporteurs ne veulent plus de lui, le menaçant d’un grand déballage (contrats, gestions du centre de formation, fléchage non respecté d’une partie de l’argent venu des sponsors selon l’Equipe, propension suspecte à faire travailler certains agents plutôt que d’autres) que Longoria redoute manifestement. Il partira. Reste à savoir quand.

Collusion un peu limite

D’ici là, le sombre folklore entourant l’OM va hanter le club et ses suiveurs : l’intimidation physique, l’épouse d’un ex-entraîneur embarquée dans un coffre, les cambriolages à répétition, la prise de la Commanderie il y a un peu plus de deux ans. Invité à s’exprimer samedi, le milieu Valentin Rongier, lui, a renvoyé ces histoires dans les limbes : «Non, je n’ai pas connu ni entendu parler de faits graves depuis cinq saisons que je suis à Marseille. En tout cas, je n’en ai pas le souvenir.» Pour se rafraîchir la mémoire, il suffirait à Rongier d’en parler avec son président, lequel est représenté par la même boîte d’agents (CAA Base, des Anglais) que lui depuis deux ans, le genre de collusion un peu limite qu’on peut justement reprocher à Longoria puisque l’ancien Nantais l’a rejoint quand il était sous contrat à l’OM.

Rongier s’est fendu d’un vibrant soutien à son dirigeant : «Le fait qu’il reste est une très bonne nouvelle pour le groupe [de joueurs]. Il était super important qu’il reste avec nous. On est tous très heureux. On a besoin de lui. Concernant les supporteurs [qui demandent le départ de Longoria], on a besoin d’eux et ils ont besoin de nous. Après, je suis joueur de foot. Je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants de cette histoire.» Sur le match d’Amsterdam, jeudi : «Compte tenu du contexte au club, ce n’était pas facile pour les joueurs, je ne vais pas vous mentir. Personne ne nous voyait faire quelque chose sur le terrain de l’Ajax. Quand tu es joueur à Marseille, tu as l’habitude qu’on parle sur toi mais là, c’est encore autre chose, on était dos au mur. On a peu parlé de la situation entre nous, mais on était d’accord sur le fait de ne pas se polluer l’esprit. Et le foot nous a remis dans le droit chemin, si je puis dire.»

Un fil tendu entre le joueur et ceux qui le regardent : le foot a la même fonction des deux côtés, celle de retrouver la notion de plaisir partagé (en plus d’une certaine simplicité) alors que le quotidien est plus ou moins âpre et difficile à maîtriser. Il chasse les soucis un temps. C’est quand même une chance extraordinaire de pouvoir en faire son métier mais ça, les joueurs professionnels le disent tous. Alors si, en plus, ils profitent d’une vacance de pouvoir pour ne même pas avoir un entraîneur sur le dos…

(1) Coup d’envoi 20 h 45, en direct sur Prime.