Stades sous surveillance, jauges réduites, dispositif policier renforcé… Après une saison 2021-2022 perturbée par les débordements de supporters à répétition, avec en point culminant le fiasco organisationnel de la finale de Ligue des champions au Stade de France fin mai, le football français craint de replonger. Alors que des supporters allemands, turcs et hongrois sont attendus cette semaine, respectivement à Marseille, Rennes et Monaco, les prochains jours sont abordés avec la plus grande prudence par les autorités.
La première inquiétude majeure concerne l’accueil des fans de l’Eintracht Francfort, en déplacement à Marseille ce mardi soir pour le compte de la Ligue des champions. Il y a une semaine, à quelque 200 km de là, l’Allianz-Riviera de Nice avait été le théâtre d’affrontements entre supporteurs de Cologne, fans des Aiglons et d’anciens ultras parisiens, faisant au total 32 blessés. Alors forcément, la prudence est de mise.
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«Ça s’annonce tout aussi compliqué» au Vélodrome, s’inquiète Ronan Evain, directeur général du réseau Football Supporters Europe, qui déplore le manque d’anticipation des autorités et des clubs dans la préparation de ces déplacements à risque. «Il ne s’agit pas de dédouaner les gens qui ont décidé de franchir la ligne rouge. Le problème, c’est qu’on a des infrastructures et une culture de la sécurité qui sont défaillantes et ne font qu’augmenter ce risque-là», assène-t-il.
Pour Marseille-Francfort, la préfecture de police dit de son côté prévoir un «dispositif de sécurité renforcé». Elle a «bien tiré les leçons des précédents matches et a mobilisé des forces supplémentaires conséquentes», fait-on valoir de source proche du dossier. Un millier de gendarmes et policiers sont mobilisés. CRS, gendarmes mobiles et policiers de la Sureté départementale (DDSP) sont progressivement déployés dans la ville. Dès lundi soir, à la veille de la rencontre, elle annonçait sur son compte Twitter cinq interpellations «après l’intervention de policiers pour empêcher les affrontements entre supporters adverses dans le centre-ville».
#OMFRA ⚽️ I Intervention des policiers @PoliceNat13 pour empêcher les affrontements entre supporters adverses dans le centre-ville #Marseille.
— Préfète de police des Bouches-du-Rhône (@prefpolice13) September 12, 2022
❌ Déjà 5 interpellations réalisées pic.twitter.com/uddDGg05ju
S’ajoutent à ce dispositif de sécurité 1 200 personnes côté OM. Une quarantaine de stadiers allemands seront également présents. Selon les autorités, l’Eintracht prévoit la venue de 3 300 supporters détenteurs de billets et jusqu’à 5 000 autres personnes démunies de titre.
Un arrêté interdit aux supporters de Francfort s’affichant comme tel de stationner ou circuler près du Vélodrome ce mardi, «à l’exception de ceux transportés en autocars et autobus escortés par les forces de sécurité intérieure». La vente de boissons alcoolisées à emporter sera aussi interdite à partir de 14 heures dans les arrondissements du centre-ville.
Et pour éviter les frictions entre supporters à l’intérieur du stade, l’OM prévoit de créer une sorte de zone-tampon autour du parcage. «On n’est pas tranquille, fait valoir une source au sein du club. On veut tout faire pour éviter que ça se passe mal.»
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Les supporters de Francfort avaient fait parler d’eux en mai à Séville, lors de la finale de Ligue Europa remportée contre les Glasgow Rangers, avec une bagarre nocturne entre ultras des deux clubs. L’Eintracht est par ailleurs sous la menace d’un huis clos disciplinaire depuis l’invasion du terrain ayant suivi la demi-finale de C3 contre West Ham. Côté marseillais, les deux derniers matches européens au Vélodrome avaient également été marqués par des incidents.
Monaco et Rennes également inquiets
A Rennes, où sont attendus jeudi (21 heures) les bouillants fans turcs de Fenerbahçe, et à Monaco, où se déplaceront le même jour (18 h 45) les supporters hongrois de Ferencvaros, dont certains sont liés à la mouvance hooligan, la vigilance sera également de mise. Pour limiter l’afflux non contrôlé de supporters adverses, le Stade rennais a décidé de limiter la vente de billets à ses abonnés et aux 1 395 places du parcage visiteurs, réduisant la jauge de son stade de 30 000 à 19 000 places. La préfecture fait part d’un dispositif policier «étoffé», tandis que le club mobilise 160 agents de sécurité et 360 stadiers sur cet événement qui représente «un risque sérieux» de trouble à l’ordre public.
A Monaco, 900 Hongrois sont attendus, dont 700 dans le parcage, et des restrictions de vente ont été appliquées. Quant aux Niçois, en voyage jeudi (21 heures) à Belgrade pour affronter le Partizan en Ligue Europa Conférence, ils se déplacent dans une atmosphère qui s’annonce brûlante, malgré la fermeture partielle du stade serbe pour raisons disciplinaires. En septembre 2009, un jeune supporter français, Brice Taton, était mort à 28 ans après une chute dans des escaliers lors d’une violente agression en marge d’un match européen de Toulouse contre le Partizan. Mise à jour : à 11 h 18, avec le nombre de policiers et gendarmes mobilisés.