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Libération
Extrême droite

Signe des «Loups gris» à l’Euro : le Turc Merih Demiral suspendu deux matchs par l’UEFA après son geste controversé

Euro de Football 2024dossier
Le défenseur turc, qui avait repris le signe du groupe d’extrême droite turc des «Loups gris» lors du 8e de finale remporté par son pays contre l’Autriche, manquera donc a minima le quart de finale contre les Pays-Bas programmé samedi à Berlin. Ankara «condamne» vendredi 5 juillet une suspension «injuste».
Le défenseur turc Merih Demiral fait le geste des Loups Gris alors qu'il célèbre le deuxième but de son équipe contre l'Autriche à l'Euro 2024, à Leipzig, le 2 juillet 2024. (Ronny Hartmann /AFP)
publié le 3 juillet 2024 à 16h58
(mis à jour le 5 juillet 2024 à 14h37)

Deux buts décisifs, un geste polémique. Merih Demiral aura fait plus que s’illustrer mardi, sur la pelouse de la Red Bull Arena de Leipzig à l’occasion de la victoire de la Turquie aux dépens de l’Autriche, lors du dernier huitième de finale de cet Euro allemand.

Auteur d’un doublé salvateur synonyme de quart de finale, le défenseur central du club saoudien du Al-Ahli FC s’est fendu d’une célébration controversée sur l’un de ses deux buts. Merih Demiral lui-même a posté sur son compte X une photo de lui levant les bras, et effectuant avec ses mains un signe rappelant celui des «Loups gris», un mouvement ultra-nationaliste turc dissous par le gouvernement français en 2020.

L’UEFA avait immédiatement diligenté une enquête. Pour ce geste, l’instance a suspendu le défenseur pour les deux prochaines rencontres de son pays, «pour non-respect des principes généraux de conduite, pour violation des règles fondamentales de bonne conduite, pour avoir utilisé des événements sportifs pour des manifestations à caractère non sportif et pour avoir jeté le discrédit sur le football», justifie vendredi l’UEFA. Il sera donc privé du quart de finale de l’Euro contre les Pays-Bas samedi à Berlin auquel le président turc Recep Tayyip Erdogan a décidé d’assister.

«Inacceptable»

Pas de quoi faire redescendre la polémique, alors que l’affaire a déjà connu des répercussions politiques. «L’ambassadeur d’Allemagne à Ankara a été convoqué au ministère des Affaires étrangères à ce sujet», a dit une source diplomatique turque sous couvert d’anonymat, alors que le geste de Demiral a fait réagir la classe politique allemande.

«Le symbole des extrémistes de droite turcs n’a rien à faire dans nos stades, a réagi sur X Nancy Faeser, la ministre allemande de l’Intérieur. Utiliser l’Euro de foot comme plateforme pour le racisme est totalement inacceptable. Nous attendons que l’UEFA enquête sur le cas et examine des sanctions.»

Merih Demiral a lui accompagné l’image postée de la devise du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk : «Heureux celui qui dit «Je suis Turc»». L’intéressé n’a pas démenti devant la presse après le match, en assurant avoir voulu évoquer «la fierté d’être turc». «Je suis très heureux de l’avoir faite [cette célébration], tous nos supporters sont fiers de nous. J’avais vu certains d’entre eux la faire, et j’avais donc encore plus envie de la réaliser», a-t-il ajouté.

Le ministre des Sports turc Osman Askin Bak, a relayé sur X la photo controversée en écrivant «Tout est dit», un commentaire accompagné du drapeau turc. Les «Loups gris», branche paramilitaire du Parti d’action nationaliste (MHP), est partenaire du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan, la formation au pouvoir. En quart de finale de l’Euro, la Turquie affrontera les Pays-Bas samedi (21 heures) à Berlin. Amputée de Demiral, donc.

Mis à jour : à 14h30 avec l’annonce de la suspension de Demiral pour deux matchs.